Dernier requiem pour les Innocents
de Andrew Miller

critiqué par Septularisen, le 18 novembre 2019
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
L’HISTOIRE DU CIMETIÈRE DES INNOCENTS.
Au début de l’histoire nous sommes à Paris 1785. Un air pestilentiel et malsain sentant la mort et les cadavres envahit le cœur de la capitale. L'origine en est le cimetière des Saints-Innocents qui déborde, pourrit littéralement à ciel ouvert et contamine tout le quartier.. En effet, en plus de sentir mauvais, le cimetière est envahi par les rats, les murs des caves avoisinantes suintent, quand ils ne s’écroulent carrément pas sous le poids des ossements qui débordent. En cause des millions de corps entassés là depuis des centaines d’années...

A Versailles on s’en inquiète, l’existence même des habitants du quartier étant devenue invivable. Le Roi en personne décide de faire disparaître le cimetière. Il faut donc littéralement «le vider» et transporter les ossements au Sud de la ville, dans les catacombes. Et il faut aussi détruire l’église qui jouxte le cimetière!

Convoqué par le Ministre du Roi, un jeune ingénieur normand tout juste diplômé, Jean-Baptiste Baratte, - qui ne rêve que de construire des routes et des ponts -, se retrouve chargé de résoudre l'épineux problème. Si le fait de trouver des ouvriers pour la triste besogne, est vite résolu par l’embauche de mineurs de sa région natale, Jean-Baptiste doit très vite faire face à d'autres problèmes…

En effet, pour transférer les ossements des fosses du plus vieux cimetière de Paris vers les catacombes de Denfert, il devra livrer bataille au conservatisme et à la superstition des gens qui vivent dans le quartier populaire qui entoure le cimetière, car tout le visage de Paris va changer définitivement…

Si la destruction du cimetière des Innocents est un fait historique, les personnages inventés par M. Andrew MILLER (*1960) et leur vie sont, eux, purement fictifs. L’auteur nous plonge littéralement, - avec un savoir et une connaissance étonnante -, au cœur de Paris à la veille de la révolution française. Il arrive à nous faire vivre avec une facilité déconcertante de nombreux aspects de la vie quotidienne des petites gens et des commerçants qui vivaient, à l’époque, autour du cimetière.

Que dire de plus? C’est bien écrit, avec un beau style, et cela se lit facilement, malgré le sujet qui n’est pas des plus facile. L’idée originale est très bien exploitée par l’auteur, qui nous fait aussi découvrir les mœurs de l'époque, la vie au jour le jour, avec ses drames, ses morts, ses histoires d’amour… On suit l’histoire pas à pas, avec ses nombreux rebondissements et l’on se retrouve à tourner les pages sans même s’en apercevoir, tellement l’histoire est passionnante et tellement on est pressé d'en connaître la suite!

Je dois avouer que je ne connaissais absolument pas l’histoire de ce cimetière, qui pourtant se trouvait dans des rues (Rue de la Lingerie, Rue de la Ferronnerie, Rue Saint-Denis, Rue des Innocents…) et des lieux qui existent encore aujourd’hui! Cela a donc été une très belle découverte pour moi!
On ne peut malheureusement plus rien voir du cimetière lui-même, si ce n’est la petite place près du centre commercial souterrain des Halles. La vieille fontaine, la fontaine italienne, a été déplacée au XIXe S. au milieu de la place où elle se trouve encore aujourd’hui. Quant au marché établi sur le site du cimetière, le marché des Innocents, il a été définitivement fermé en 1858.

Retrouvez l’auteur nous présenter son livre et (à partir de la onzième minute), en promenade à Paris, sur les lieux mêmes de son roman, ici : https://www.youtube.com/watch?v=fysnXDNDtAk
Ce livre a reçu le Costa Book Awards, Costa Book of the Year en 2011.