(L')armes à feu et à sang
de Jacky Legge, Priscilla Beccarri (Dessin)

critiqué par Débézed, le 17 octobre 2016
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Des mots contre des armes
Si le sous-titre apposé par l’auteur : « Réflexions sans importance, sauf quelques-unes » me semble un acte de modestie très exagéré, je suis par contre beaucoup plus interpellé par le premier mot du titre qui, à mon sens, contient déjà à lui seul l’essentiel du recueil. En effet, le jeu de mot sur « (L’)Armes » dévoile les intentions de l’auteur en suggérant les larmes que l’usage des armes provoque bien trop souvent hélas. Dès le titre Jacky Legge nous laisse entrevoir le message de paix qu’il voudrait adresser à tous ceux qui font usage des armes pour toute sorte de raisons plus mauvaise les unes que les autres.

« Il y a trop d’armes lourdes entre des mains légères, soupira le Parrain ».

« En temps de guerre, la Mort coupe les épis de blé vert ».

L’éditeur nous raconte que l’auteur est un « explorateur littéraire passionné par les cimetières », il a donc rencontré au cours des ses promenades de nombreuses tombes de jeunes militaires morts pour défendre des causes qu’ils ne comprenaient pas toujours.

« La guerre est le cancer de l’humanité ; il est sans rémission. »

« Les permissions n’ont pas de sens pour les orphelins de guerre. »

Sous l’humour et la causticité de ses « réflexions sans importance » se dissimule mal sa compassion pour les innocentes victimes qui n’ont jamais rien demandé.

« Toute sa vie, la veuve pleura le temps trop bref qui sépara la déclaration d’amour de la déclaration de guerre » (cette réflexion n’est pas qu’une formule littéraire, j’ai connu cette situation dans ma famille).
« La guerre est un cirque où les fauves ont dévoré les clowns. »

« La guerre, c’est toujours le massacre du printemps. »

Ce recueil n’est pas qu’un plaidoyer contre la guerre, c’est aussi un bel exercice littéraire dans lequel Jacky Legge dévoile un réel talent et un esprit très affuté. Certaines de ses réflexions sont, en plus d’être très pertinentes, très drôles.

« L’odeur de compote provoquait des nausées à Guillaume Tell et à son fils. »

« L’héroïne est une arme blanche redoutable. »

« Seuls les Inuits restèrent indifférents à la Guerre froide. »

Je ne saurais clore ce propos sans évoquer les illustrations de Priscilla Beccarri qui agrémentent le recueil, des dessins qui collent bien au texte, des victimes innocentes des armes assassines.
J’ai gardé cette réflexion pour la fin, elle m’a bien fait rire, je la trouve très drôle.

« Un franc-tireur, c’est pas cher.
Un sous-marin, non plus. »

La violence est à la portée de tous !