Le résumé de l'éditeur est alléchant : "Le petit garçon l'a bien compris: cette vieille dame aux cheveux de neige n'a rien d'ordinaire. C'est une fée, avec des soleils plein la tête, une mamie silencieuse qui, sur un lit d'hôpital, attend sa dernière visite pour enfin livrer son secret.
Née avant 1900, elle a traversé trois siècles. Pourtant, seules vingt-quatre heures ont vraiment compté. Vingt-quatre heures d'un amour arraché à la guerre. Vingt-quatre heures d'un été brûlant pour illuminer une vie entière.
Puis l'offrir aux autres, comme autant de chemins d'espérance."
La lecture, encore plus.
Et pourtant cet hymne à la vie ne fait pas beaucoup plus que 100 pages, l'âge de la dame. Il nous parle d'amour, de tendresse,de bonheur mais aussi de la déchéance physique et de la mort qui guette. Il capte et transmet l'essentiel. L'importance de l'être, par dessus toute autre considération. La grand-mère laisse à son petit-fils des carnets où elle relate ce qui a été pour elle l'essence du bonheur. Elle lui fait vivre avec grande pudeur les 24 heures d’éblouissement intense et définitif d'un bonheur fugace vécu dans dans un contexte de guerre, qui a su éclairer et donner un sens à sa vie... "Nous n’étions pas dans le monde mais en périphérie du monde, au-dessus, en arrière, en dessous, tout contre mais clairement dissociés de lui. C’est cela que permet l’amour. Une apesanteur. Je vais vous conter ces vingt-quatre heures, ensuite je m’effacerai du monde. Finalement, j’aurai été éphémère comme l’est la trace de l’eau glacée sur la pierre brûlante »."
L'écriture est enivrante, tendre et passionnée. Musicale et apaisante... elle donne des envies de relecture " « Sous mes cheveux blancs de neige et dans mon corps sec et noué comme l’écorce nue, je suis un paysage d’hiver que le plein soleil a fui, une terre de silence, immobile et stérile. Je suis vieille, plus vieille qu’il n’est d’ordinaire donné de l’être. Je suis née au coucher d’un siècle, ai vécu le long du suivant, et me retirerai au lever d’un troisième. Mais quand ? C’est long trois siècles… Je m’abîme, m’émiette, sans jamais encore toucher le fin fond de mes jours »." On reste suspendu à cette voix, qui a la douceur de l'immortalité.
Deashelle - Tervuren - 16 ans - 13 décembre 2017 |