La Saga des Petitjean
de Robert Ruwet

critiqué par Catinus, le 27 août 2016
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Ce lit avec un grand sourire sur les lèvres
Il ne s’agit pas ici de dépeindre, in extenso, ce curieux personnage qu’est Victor Petitjean. Vous aurez le plaisir de faire sa connaissance en lisant ce recueil de presque 200 pages. Sachez que ce petit bonhomme replet a atteint la cinquantaine, qu’il est ( très) satisfait de lui-même et n’en fiche pas une (ou si peu). Il est Liégeois, fervent patriote, curieux de nature. Il vit seul, semble-t-il de peu et, d’après les on-dit, toujours puceau (on en rit pas dans les places à cinq francs !).

Le présent ouvrage de Robert Ruwet vient d’être publié par Edilivre. Il est donc tout frais et inédit. Il se compose de 15 nouvelles se déroulant toutes à Liège ou dans sa région proche. Plusieurs ont pour décor le quartier Sainte-Marguerite : « Le savoir maudit « , « La Vierge de Monsieur Victor » , « L’âge de fer », « Monsieur Petitjean fait dans le social », « Monsieur Victor Petitjean de Publémont ».

A pointer tout particulièrement ( si j’ose) : « Au temps des diligences » (monsieur Victor tombe amoureux-grave …), « Aristide Triper, percepteur des postes » ( quand une grande boite aux lettres, située le long d’un des murs du cimetière Sainte-Walburge, se met à parler …) « Monsieur Zigganov est mort » ( l’étrange client du bar-louche « Le Diplomate » rue des Guillemins …), « Monsieur Petitjean fait dans le social » ( la cupidité extrême d’un marchand de sommeil au quartier Sainte-Marguerite …), « Victor Petitjean de Publémont ( ou à la recherche du trésor du Mont-Saint-Martin …)

On connait l’humour féroce de Robert Ruwet qui a l’habitude de n’épargner personne. Et tout d’abord de lui-même :
« Biographie de Robert Ruwet
Professeur pensionné, comédien amateur (si ce n'est professeur amateur et comédien passionné), Robert Ruwet est l'auteur d'une trentaine de livres publiés (principalement consacrés à l'histoire de la Principauté de Liège) et de plus ou moins vingt-cinq pièces de théâtre dont la plupart ont été créées sans que jamais les spectateurs n'envisagent de porter plainte. Il a également écrit de nombreuses nouvelles (primées, éditées et même parfois lues). »
En toute fin d’ouvrage, cet encart :
« Les fonds récoltés par la vente de ce livre seront intégralement versé à une œuvre dont, par décence, nous préférons taire le nom ».

A ne pas louper ! Se lit avec un grand sourire aux lèvres !

Voici la meilleure façon de vous procurer, dès aujourd’hui, ce livre :
https://edilivre.com/catalog/product/…



Extraits :

- On y distingue très nettement, venant de la gauche(c’est-à-dire de l’Ouest) et se dirigeant vers la droite (c’est-à-dire vers l’Est), la Légia. Elle prenait sa source en dehors de mon plan et pénétrait dans le monde connu du côté de la porte Sainte-Marguerite. (Une tache de vin à forte densité tanique m’interdit d’être plus précis). Elle suivait la rue Agimont, le Fond Saint-Servais pour rejoindre une ruelle qui se nommant « devant le Palais » (…) Sait-on qu’à l’emplacement de notre actuelle rue Léon Mignon se situait (à l’époque douteuse de mon plan) la rue Fond de l’Empereur ? Et que plus loin, la rue Table de Pierre allait se jeter dans la rue Salamandre ? (…) Le quai n°3 de l’actuelle gare du Palais est à l’emplacement exact d’une ancienne rue que nos ancêtres avaient affublé d’un bien joli nom : la rue Pied de Vache.

- Je m’adresse ici au typographe. Lors d’un de mes derniers essais, j’employais l’adjectif « conçu » et le drôle avait placé la cédille sous le mauvais « c » ; c’est du plus mauvais effet !

- Je faillis perdre le contrôle de mon bolide. Je vis un gros chêne qui fonçait droit sur moi … et ce n’est qu’à la toute dernière extrémité que je parvins à redresser et à stopper la voiture au bord du talus.

- Je me suis rendu au buffet de la gare et j’ai commandé une de ces excellentes bières d’abbaye qui vous réconcilie avec cet univers mesquin bien qu’en expansion constante.

- J’allai directement dans ma cuisine afin de procéder à la préparation de mon festin de la mi-journée. Ce jour-là, au menu : raviolis au bain-marie assortis et agrémentés d’une flasque de trois litres et demi de chianti chilien issu d’un cépage bavarois made in Taïwan.