Le Mépris civilisé
de Carlo Strenger

critiqué par Colen8, le 6 mai 2016
( - 82 ans)


La note: étoiles
En soutien aux victimes de tous les extrémismes
Retrouver l’humanisme originel des Lumières est une nécessité face aux fondamentalismes de toute nature. La tolérance, la quête de vérité et l’instauration d’un ordre politique juste comme intention première des Lumières visait l’universalité. Leurs bienfaits à l’égard des européens d’abord, de l’Occident plus généralement, joints à des réalisations scientifiques exceptionnelles ont accrédité l’idée d’un progrès humain généralisable à la Terre entière. Leur héritage, liberté d’expression, autonomie et responsabilité de la personne, démocratie, qui ont accompagné les révolutions sociales du XIXe siècle a été déconsidéré après ces monstrueuses catastrophes du siècle suivant. Le monde libre s’en est affranchi par une posture du politiquement correct considérant sur un strict pied d’égalité les croyances, les cultures et les modes d’existences des autres, par principe et au-delà de toute rationalité. Le politiquement correct s’est répandu pendant des décennies au point de réfuter toute forme d’autorité y compris dans l’enseignement
Il est temps de faire montre de plus de rigueur dit Carlo Strenger de nationalité suisse et israélienne, philosophe et psychanalyste enseignant à l’Université de Tel-Aviv. Le mépris civilisé tel qu’il le définit repose sur l’accès à des connaissances assez objectives pour permettre à chacun de se forger une opinion fondée. Il encourage la défense explicite des valeurs qui ont fait la force de l’Occident. Il s’autorise à dénoncer, par là même à mépriser des croyances, des valeurs, des opinions injustifiées sans admettre pour autant la xénophobie, le racisme, l’intolérance religieuse, ni la haine. Les Lumières n’ont pas failli affirme-t-il, car elles sont un processus inabouti auquel le mépris civilisé veut apporter sa pierre, modestement. Autant le message de cet essai, illustré par le soutien à Salman Rushdie, à Charlie Hebdo et à toutes les victimes d’attentats est clair, autant on a des doutes sur sa réelle portée.