Jérôme K. Jérôme Bloche, Tome 25 : Aïna
de Alain Dodier

critiqué par Shelton, le 28 mars 2016
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Détente et prise de conscience...
Si je vous annonce triomphant que nous allons aujourd’hui plonger dans les aventures et enquêtes de Jérôme K Jérôme Bloche, bande dessinée signée Dodier, certains vont se réjouir : enfin de la vraie bande dessinée. Ils auront, d’une certaine façon, bien raison. Les enquêtes de ce privé – et c’est le vingt-cinquième album qui sort – appartiennent bien à la grande histoire de la bande dessinée. Un privé plein de défauts mais profondément humain, créé par Alain Dodier en 1985, avec l’aide scénaristique de Pierre Makyo et Serge Le Tendre, un personnage très léger et sympathique qui a arpenté les pages du magazine Spirou, bref, une bande dessinée grand public – ce n’est pas du tout péjoratif – qui, pourtant, va aborder très régulièrement des questions sociétale, peut-être encore plus depuis qu’Alain Dodier œuvre seul… et, le dernier album, Aïna, va faire partie de ces temps forts de la série…

Aïna est une jeune femme originaire d’Afrique qui va croiser d’une certaine façon la vie de Jérôme, un soir pluvieux. Cette jeune femme semble fuir mais comme elle ne maitrise pas la langue française on ne saura pas ce qu’elle fuit ni pourquoi et Jérôme mettra du temps à comprendre comment l’aider… Car chacun sait bien que notre détective est toujours prêt à défendre la veuve, l’orphelin ou la première jeune femme qui passe…

Attention, dans ce type de bande dessinée, il n’y a pas de sexe, de violence excessive ou je ne sais quelle sentimentalité. Pour ceux qui ne connaitraient pas, ceux qui auraient oublié de lire les vingt-quatre albums précédents, Babette est dans le cœur de Jérôme et elle n’est pas sur le point de se faire chasser par Aïna. Mais comme Aïna souffre, il faut l’aider…

Un bel album qui démontre que dans Paris, le Paris d’aujourd’hui, au cœur d’une grande démocratie, il peut y avoir encore quelques formes d’esclavage. Aïna est l’esclave des temps modernes, certes théoriquement protégée par la loi, mais une loi qu’il n’est pas si simple de faire appliquer même au cœur de la capitale…

Bien sûr, le sujet est connu, il a déjà fait l’objet de reportages à la télévision, d’articles dans la presse, mais c’est probablement une très bonne chose que la bande dessinée grand public aborde la question de façon claire et précise…

Je ne vais pas dans le détail vous expliquer de ce que subit au quotidien la pauvre Aïna, ni qui est son propriétaire – et j’utilise bien volontairement le mot car il s’agit d’esclave et non de travailleur libre ici – et encore moins comment Aïna sera, finalement sauvée. Ah, zut ! Je vous ai dit qu’elle serait sauvée…

Bon, en même temps, c’est une bande dessinée qui est classée jeunesse et il fallait bien que tout se finisse, sinon bien, au moins de façon acceptable. D’ailleurs, même si Jérôme n’est pas lumineux dans ses enquêtes, même si plusieurs personnes, à commencer par sa chérie Babette, sont obligés de lui donner un coup de main, on ne pouvait pas imaginer une enquête qui se finisse mal… Quand même !

Ce qui est pertinent dans tout cela c’est que le cadre est bien le Paris d’aujourd’hui et c’est quand même une belle évolution de la bande dessinée que de montrer que tout n’est pas parfait dans notre monde… il n’en a pas toujours été ainsi dans les album du neuvième art…

Enfin, je vous avoue que depuis les débuts de ces enquêtes j’ai été assez fidèle à ce Jérôme K Jérôme et je trouve qu’Alain Dodier a su développer un bel univers que je retrouve avec chaque album avec un réel plaisir !

Aïna d’Alain Dodier aux éditions Dupuis, un album pour adolescents, intelligent et de qualité.