La maladroite
de Alexandre Seurat

critiqué par CHALOT, le 14 mars 2016
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
émouvant
« La maladroite »
Livre écrit par Alexandre Seurat
Aout 2015
117 pages
Editions la brume au rouergue

Une histoire malheureusement réaliste

Tout de suite le lecteur sait qu’il va « vivre » une histoire dramatique qui se termine mal.
Il est prévenu, ce qui ne l’empêche pas- et c’est mon cas- de poursuivre la lecture en espérant s’être trompé.
Diana a mal commencé , ce début n’était rien par rapport à la suite de sa courte existence.
L’auteur a choisi de faire succéder dans un ordre chronologique tous les témoignages des acteurs de ce « roman » : les enseignants, l’assistante sociale, les parents, la grand-mère.
C’est comme si chacun était écouté et qu’il était enregistré ou que ses propos étaient consignés.
Cela va vite, très vite…. C’est fluide et inexorable.
Diana est une petite fille qui souffre souvent en silence, survivant un temps sous la maltraitance de ses parents.
L’institutrice avait vu, elle avait même constaté et témoigné :
« Les dessins de Diana étaient à son image, cabossés, bizarres, pathétiques, ils me prenaient au cœur. Quand elle me les tendait, j’aurais voulu la prendre dans mes bras, lui dire, Tout va bien se passer, et la bercer. »
Tous les témoins prennent la parole…. Ils savaient.
Certains ont essayé de protéger Diana, d’autres ont même effectué un signalement…. La machine administrative est lourde, trop lourde souvent et la protection de l’enfance a beaucoup de progrès à faire.
L’auteur écrit là son premier roman.
Il est émouvant, authentique et quand on arrive au bout, on souffre…..
C’est dur mais il existe des vérités qu’il faut dire, crier et faire que plus jamais une petite Diana ne puisse souffrir un tel calvaire.

Jean-François Chalot
Un coup de poing. 10 étoiles

La maladroite ou l’histoire d’une maltraitance, celle de Diana, petite fille de huit ans. Je l’aurais lu d’une traite… s’il n’y avait eu ce malaise permanent, cet arrière-goût désagréable tout le long de ma lecture. Au début, on sait déjà que ça finit mal. Le pire, c’est que cette histoire est tirée d’une histoire vraie, celle de la petite Marina. Le pire, c’est qu’il y a qu’il y a tant d’autres… L’auteur choisit de donner la parole à l’entourage de Marina : sa grand-mère, sa tante, les directrices, les instituteurs… tous essayent de faire quelque chose pour sauver cette petite fille, mais il y a ce doute, ce doute qui empêche de faire quelque chose. Ce doute qui par la loi, signifie impuissance. A travers ces témoignages, à travers les blessures, on ne devine qu’un pan de la maltraitance dont elle a été victime.
Difficile de parler de ce livre… Je suis une mère et ça m’a révolté de lire qu’on peut faire mal à un enfant. C’est un livre qui me hantera longtemps. Un roman coup de poing.

Shan_Ze - Lyon - 40 ans - 10 mai 2018


Chroniques d’un martyre 8 étoiles

Premier roman, Alexandre Seurat a écrit « La maladroite » comme s’il voulait exorciser quelque chose. Quelque chose, oui, mais pas du vécu direct, heureusement pour lui. En fait, il explique dans une interview que c’est une affaire de 2009, la mort sous les coups de ses parents de Marina Sabatier, petite fille de 8 ans, et le procès qui eût lieu en 2012 qui fût le déclencheur.
Dans « La maladroite », Alexandre Seurat nous imagine une « Marina Sabatier » et imagine le drame.
Et la victime de son roman, la « maladroite », c’est Diana.

« Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il était trop tard. Ce visage gonflé, je l’aurais reconnu même sans son nom – ces yeux plissés, et ce sourire étrange – visage fatigué, qui essayait de dire que tout va bien, quand il allait de soi que tout n’allait pas bien, visage me regardant sans animosité, mais sans espoir, retranché dans un lieu inaccessible, un regard qui disait, Tu ne pourras rien, et ce jour-là j’ai su que je n’avais rien ou. »

C’est le début du roman et d’emblée le cadre est posé ; nous allons entrer dans un drame. Alexandre Seurat le traite de manière clinique, à la manière d’un roman choral, faisant intervenir tour à tour les proches de Diana, grand-mère, tante, les institutrices – instituteurs, les directeurs d’école successifs, des gendarmes, médecins scolaires, assistantes sociales, … qui tou(te)s une fois au moins auront eu à connaître le cas de Diana, auront eu des doutes et l’intuition claire que quelque chose n’allait pas et qui, terriblement, n’ont rien pu empêcher. Comme s’il était impossible d’enrayer le mal lorsque celui-ci est conduit délibérément, de manière réfléchie. Filant comme le vent face à une machine administrative lourdaude. Forcément lourdaude.
L’écriture est sèche et se contente d’exposer chaque chose constatée par chacun, les efforts désespérés qu’il peut produire, ou pas. Et on avance, court chapitre après court chapitre, vers l’issue inévitable, programmée ; le martyre d’une petite fille, quand même.
Non, elle n’était pas maladroite, finalement Diana. Juste martyrisée.
Le roman est court et vous happe sitôt entamé. Et vous vous demandez ce que vous auriez fait, vous, confronté à une telle situation. Le genre de question à vous ficher la trouille.

Tistou - - 67 ans - 30 avril 2018


Témoignages 9 étoiles

Diana est une enfant martyre. Malgré l'intervention de certaines personnes, de signalements, on connaît l'issue dès les premières pages.
Pour qui a connu ce genre de drame, ce livre n'est pas un roman. Je reconnais que la présentation choisie par l'auteur gagne en efficacité en donnant à lire les différents témoignages des personnes qui ont rencontré, côtoyé Diana.
Et je partage complètement le commentaire de CHALOT, et particulièrement sur l'inadmissible lenteur administrative.
Tout est d'une véracité glaçante. Que ce soit les témoignages des intervenants comme ceux des parents. Et cette enfant qui trouve normales cette cruauté, cette maltraitance.
Oui, c'est exactement comme ça. Alors donner une note à cette lecture va être extrêmement difficile. Je salue le talent de l'écrivain et malgré ma difficulté à aller jusqu'au bout, je souhaite beaucoup de lecteurs pour que les choses avancent, pour que n'existe plus ce genre de drame, pour que "plus jamais ça".

Marvic - Normandie - 65 ans - 23 janvier 2018