L'adieu à l'île
de Valentin Raspoutine

critiqué par Falgo, le 9 mars 2016
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Chef d'oeuvre oublié
Il m'arrive souvent de rencontrer par le plus grand des hasards un auteur et un livre complètement oubliés de la critique et du public. "L'adieu à l'île" de Valentin Raspoutine appartient à cette catégorie. Cet écrivain russe fait partie de ceux que Nicole Zand a qualifiés d'"écrivains de l'intérieur" par rapport à ceux, largement dissidents, "de l'extérieur". Il est donc resté en URSS et y a mené sa carrière. Ce livre est le récit des débats qui agitent une communauté villageoise habitant une île sise sur le fleuve sibérien d'Angara. Cette île est menacée par le développement d'un barrage hydro-électrique en construction an amont de l'île et qui va en provoquer l'inondation complète. Dans cette communauté on va donc trouver les tenants du monde ancien et paysan, les innovateurs qui regardent vers l'avenir et la fourniture d'électricité et de nouveaux emplois. Tous les ingrédients de révoltes, de commentaires désabusés, d'acceptations plus ou moins contraintes sont ici réunis et exposés dans une langue admirable, avec une économie de moyens et un incroyable souci de vérité. Nous avons bien connu cela en France, par exemple avec le barrage de Tignes qui a fait disparaître un village entier.
Ce récit, qui que soit son auteur, est d'une troublante actualité et montre bien les diverses réactions possibles à un tel projet, et nous fait plonger dans un monde paysan probablement révolu, mais dont la nostalgie nous emporte loin du monde actuel.