Comme neige de Colombe Boncenne

Comme neige de Colombe Boncenne

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Lucia-lilas, le 24 février 2016 (Inscrite le 21 février 2016, 57 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 104ème position).
Visites : 2 777 

comme neige au soleil...

Qu’ai-je fait après avoir refermé le livre de Colombe Boncenne Comme neige ? Je me suis levée (je lis au lit), ai dévalé l’escalier, suis entrée précipitamment dans mon bureau, ai ouvert le tiroir qui contenait le film plastique transparent, ai recouvert méticuleusement le petit livre à la couverture blanche. Une habitude, me direz-vous ? Non, non, pas du tout ou très rarement, début septembre, comme tout le monde. Alors pourquoi ? Un nouveau toc ? Non, non, vous n’y êtes pas ! Allez, je vous aide : j’ai tellement aimé ce petit livre que je vais fondre sur tout être vivant se trouvant sur mon chemin, famille, ami, collègue - les pauvres ! -, et que je vais obligatoirement devoir le prêter un nombre de fois incalculable (pour me faire pardonner) et la couverture claire papier buvard ne va pas tenir le choc !
Eh, oui, c’est un vrai petit bijou que ce livre. Le sujet ? Le voici :
Constantin Caillaud part en week-end à Clamecy (sortie 34) département de la Nièvre avec sa femme Suzanne. Ils quittent Paris pour tenter de vivre un petit quelque chose de nouveau dans leur couple qui va cahin-caha. Bon, ils n’attendent rien de folichon de tout cela, mais ce petit plus sera toujours bon à prendre. Or, le GPS qui fonctionne comme un GPS indique la sortie … après la sortie. Ils finissent donc, contraints et forcés, -quelle aventure !- par quitter l’autoroute pour se rendre à Crux-la-Ville-, le téléphone portable ayant pris le relais du GPS et s’étant trompé lui aussi! Quand ça veut pas, ça veut pas ! Pause croque-monsieur pas terrible servi par un bonhomme pas aimable. Jusque là, rien que de banal, me direz-vous. Certes, mais, soudain, notre Constantin a l’idée de se rendre dans la maison de la presse de la rue principale, histoire d’acheter une carte de la région et de se repérer un peu sans la technologie moderne. Et là, il découvre un carton rempli de livres soldés. Il y jette un coup d’oeil rapide et tombe sur un livre d’Emilien Petit intitulé Neige noire. Or, notre héros - j’ai hésité, le mot est un peu fort tout de même- apprécie beaucoup cet auteur notamment depuis qu’Hélène, jeune attachée de presse ravissante lui en a expliqué tous les charmes. Lui qui pensait avoir lu tout l’œuvre de cet auteur est ravi et il profite de la nuit auprès de Suzanne, qui respire fortement- pas très glamour tout ça, vous l’aurez compris- pour se plonger dans le roman, comme cela, il pourra très vite appeler sa belle attachée de presse parisienne pour lui annoncer sa fabuleuse découverte. Prétexte idéal pour la recontacter. Ce qu’il fait. Mais, la jeune femme lui annonce qu’Emilien Petit n’a jamais écrit de livre intitulé Neige noire, elle en est certaine. Le soufflé retombe. Qu’à cela ne tienne, Constantin va le lui montrer, ce livre. Bon sang, où l’a-t-il mis ? Impossible de remettre la main dessus. Il reste donc à vérifier sur le sacro saint Internet, il n’est quand même pas fou ! Mais rien, rien du tout. Pas de Neige noire…

Promis, vous ne poserez pas ce petit-chef d’œuvre plein d’humour, de suspense et si bien écrit avant de l’avoir terminé ! C’est drôle, bourré de références et de rencontres littéraires inattendues, de mises en abyme qui nous font presque vaciller dans de nouveaux romans.
Franchement, bravo à Colombe Boncenne ! J’attends avec impatience une autre publication et lui prédis un avenir certainement très prometteur !

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Comme neige… comme un bon polar

8 étoiles

Critique de Hcdahlem (, Inscrit le 9 novembre 2015, 64 ans) - 21 mai 2016

Quel joli suspense, mais surtout quel hommage à tous les acteurs de la chaîne du livre. De l’imprimeur jusqu’à l’attachée de presse, du libraire jusqu’à l’éditeur, chacun jouera un rôle dans ce court mais précieux roman. Sans oublier, cela va de soi, l’écrivain qui prend ici les traits d’Emilien Petit, déjà à la tête d’une œuvre assez conséquente.
Colombe Boncenne va nous prouver – mais nous qui aimons passionnément la littérature le savions déjà – qu’un livre peut conditionner toute une vie. Celle du comptable Constantin Caillaud en l’occurrence. Juqu’à sa rencontre avec Emilien Petit, il menait sa petite vie tranquille avec son épouse, regardait grandir ses enfants Aurélien et Emma et s’offrait quelques escapades à la campagne.
C’est au cours d’une de ces escapades, près avoir manqué une sortie d’autoroute, qu’il se retrouve dans la Nièvre, à Crux-la-ville.
À la maison de la presse, il trouve sous une pile de livres défraîchis, un exemplaire de Neige noire, un roman d’Emilien Petit qu’il ne connaissait pas. Ce qu’il ne sait pas, c’est que cette trouvaille va transformer sa vie. Pas à cause du contenu de ce roman qu’il lit le soir même, mais parce qu’il pensait bien connaître la bibliographie de cet auteur auquel il devait déjà une rencontre lors d’une présentation de l’un de ses précédents ouvrages à la Librairie de Paris, Place Clichy.
C’est là en effet qu’il engage la conversation avec la belle Hélène (comme aurait dit Offenbach). Leur passion commune pour la littérature va les conduire à entamer une liaison extra-conjugale qu’il va pouvoir ranimer en lui parlant de sa découverte.
Sauf qu’il n’arrive plus à mettre la main sur le précieux exemplaire.
À partir de cette instant, la Neige noire va devenir l’obsession de Constantin. Il va se remettre à lire l’œuvre complète d’Emilien Petit pour traquer le moindre détail pouvant le mettre sur la piste de cet hapax, c’est-à-dire d’un ouvrage annoncé mais finalement jamais paru. Car les recherches sur internet, les demandes auprès de l’auteur et de l’éditeur confirment la non-existence dudit livre. Mais alors comment peut-il l’avoir lu ?
Pour en avoir le cœur net, il décide d’élargir le cercle. Et c’est là que Colombe Boncenne fait preuve d’une initiative aussi culottée que réjouissante : elle convoque «la bande» des écrivains autour d’Emilien Petit : Jean-Philippe Toussaint, Olivier Rolin et Antoine Volodine afin qu’ils donnent leur version des faits. La correspondance qui s’ensuit est une belle illustration de l’ego des auteurs. Tout comme celle des critiques. Patrick Kéchichian (Le Monde) ou encore Edouard Launet (Libération) sont également appelés à la rescousse. C’est du reste la seule petite erreur de ce roman : Patrick Kéchichian ne travaillait plus pour Le Monde en 2013, date de parution de son article, mais pour La Croix.
Mais on pardonne volontiers à l’auteur cette petite entorse à la «vraie vie», tant son exploration de milieu des lettres est réussie. Par parenthèse, je serais très curieux de savoir comment ces protagonistes ont réagi en découvrant leur rôle dans ce roman.
Je ne vais bien entendu pas dévoiler l’épilogue de cette quête, car vous n’aurez, amis lecteurs, qu’une seule envie en vous plongeant dans ce livre : découvrir le pot aux roses !
Quant aux Parisiens, je leur suggère une visite à la Librairie de Paris suivi d’un repas à la brasserie Wepler. S’ils n’y croisent pas Emilien Petit, il se pourrait bien que Colombe Boncenne leur adresse un large sourire…
http://urlz.fr/3AhF

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