La colline de l'ange
de Reinaldo Arenas

critiqué par Septularisen, le 17 février 2016
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
UN PASTICHE HALLUCINANT ET HALLUCINÉ!
La Havane, île de Cuba, nous sommes au tout début du XIXe Siècle et l’île est sous la domination de l’Espagne. Don Candido de Gamboa y Lanza comte de la Maison Gamboa, aristocrate de la haute société et grand propriétaire terrien et trafiquant d’esclaves noirs, père de quatre filles et... d’un fils, Leonardo, avec qui justement il a un gros problème.

En effet, alors qu’il veut arranger un mariage entre celui-ci et Isabella Ilincheta la fille de Don Pedro, autre très gros propriétaire terrien de l’île, Leonardo n’a lui, d’yeux que pour la très jeune et très belle mulâtresse à la peau claire, Cecilia. Or ce que Leonardo ignore c’est que Cecilia n’est autre que sa demi-sœur ! Elle est en effet la fille illégitime née d’une relation entre Don Candido de Gamboa et une pauvre négresse devenue folle Rosario Alarcón,

Josefa, la grand-mère de Cecilia, qui a élevé celle-ci en l’absence de sa mère, et Don Candido scellent alors une alliance contre nature, qui n’a pour seule finalité que d’empêcher une quelconque relation entre les deux jeunes gens, qui ignorent qu’ils sont demi-frère et demi-sœur…

« La colline de l’ange » est une parodie d’un des grands romans de la littérature cubaine à savoir « Cecilia Valdès ou La colline de l’ange » (publié pour la première fois en 1839) de l’écrivain cubain Cirilio VILLAVERDE (1812-1894). Reinaldo ARENAS se plaît donc ici à pasticher son illustre ainé, et je dois dire qu’il se sort plutôt bien…
Du moins jusqu’à la deuxième moitié du roman! Car à ce moment-là, l’histoire devient complètement absurde et vire à la farce burlesque!

En effet, dans la première partie ARENAS reste sur les pas du roman original, avec une critique acerbe de la société et des mœurs de l’époque : L’esclavage, les différentes ségrégations de la société cubaine de l’époque, la domination sans vergogne des blancs espagnols, le racisme ambiant envers les noirs et les mulâtres, vers la fin le roman devient malheureusement une sorte de vaudeville. Un pastiche, un fourre-tout, hallucinant et halluciné, n’ayant plus aucun rapport avec le début du roman!
Citons, parmi d’autres, « fantaisies » de l’auteur : l’intervention du romancier Cirilo VILLAVERDE dans le récit, un tableau si laid qu'il tue tous ceux qui le regardent ou les encore certains personnages qui sont transformés en boules vivantes après un repas de Noël gargantuesque…

Inutile donc de dire que le choc entre les deux parties du roman est soudain et très rude pour les lecteurs... D’autant plus, que l’écriture de Reinaldo ARENAS est, elle, toujours aussi belle et toujours aussi rageusement sensible!...
Mais, rien à faire, je ne comprends pas pourquoi l’auteur fait basculer l’histoire dans le vaudeville? Y a-t-il une finalité à tout cela? Un sens caché quelconque? Une explication? Je n’ai pas de réponse, mais je dois dire que cela m’a définitivement gâché la lecture et la bonne impression que j’avais de ce roman!

En conclusion, je dirais que si vous voulez partir à la découverte de l’œuvre de l’écrivain cubain, autant en rester à son œuvre la plus connue « Avant la nuit », et passer votre tour sur celle-ci!