Vercingétorix
de Paul Marius Martin

critiqué par Folfaerie, le 18 février 2004
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Manipulation ou mystification ?
Et oui, une biographie, une de plus, consacrée au grand chef gaulois... que j'ai choisie pour son approche novatrice et les hypothèses intéressantes de l'auteur.
Le biographe a d'ailleurs réussi un tour de force, car avec presque rien (c'est lui qui le dit !), beaucoup d'hypothèses et de déductions, il parvient à dresser un portrait crédible du jeune chef Averne qui rêva, un temps, à l'union de la Gaule chevelue.

Du siège de Gergovie à la défaite d'Alésia, l'historien fait le bilan de ces quelques années, riches et denses, où le destin de la future Gaule s'est joué. Mais il était écrit que la Gaule serait romanisée, et les rêves de gloire de Vercingétorix ont causé sa chute. Mais était-il bien le seul en cause ? A en croire Martin, et voilà où réside l'idée originale, c'est surtout au pouvoir druidique qu'il faut imputer la chute du glorieux gaulois. Les querelles intestines d'une caste puissante et jalouse de ses privilèges ont certainement pesé sur le dénouement final. On sous-estime énormément le pouvoir des druides sur cette période.

Et puis surtout, Martin pose à nouveau la question fondamentale qui agite les historiens de temps à autre : Vercingétorix a-t-il réellement existé ? Après tout, son nom n'apparait quasiment que dans un seul ouvrage, la Guerre des Gaules de... Jules César. Avouez que c'est un peu maigre... Pour cause de propagande, le grand Jules avait tout intérêt à créer de toute pièces un valeureux adversaire, susceptible de rehausser le prix de sa victoire en Gaule. Selon Martin, impossible de trouver d'autres documents contemporains dans lesquels Vercingétorix apparaît. Quasiment pas de médailles, de piécettes, de vases à l'effigie du grand chef Gaulois... Alors, mystification ?

Paul Martin nous rappelle également que la figure de Vercingétorix fut quelque peu modifiée, embellie et arrangée, pour des générations d'écoliers, afin de continuer à entretenir la flamme du patriotisme, de même que Jeanne d'Arc a subi un traitement similaire.
Quoi qu'il en soit, nous ne saurons vraiment jamais si l'adversaire de Jules César fut un grand chef, ou un obscur paysan porté sur le devant de la scène par un curieux caprice de l'histoire. Il reste que cette passionnante biographie a le mérite de remettre les pendules à l'heure et de porter un nouvel éclairage sur le rôle et le pouvoir des druides, analyse fort intéressante.