Sans envie de rien
de Jean-Louis Massot

critiqué par Débézed, le 23 novembre 2015
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Envie de rien, faim de tout
J’ai découvert Jean-Louis Massot à travers son travail d’éditeur chez « Les carnets du dessert de lune » lors de la lecture d’un recueil d’Eric Dejaeger publié en 2014 : « Le violon pisse sur son powète ». Cette fois, je l’ai croisé comme auteur de ce recueil d’aphorismes édité par « Cactus inébranlable », le troisième épisode de mes lectures des cinq ouvrages publiés par cet éditeur à l’occasion de la rentrée littéraire de septembre 2016. Ce recueil comporte la particularité d’être illustré à chaque page par le célèbre dessinateur Gérard Sendrey avec lequel l’auteur semble développer une belle complicité, c’est du moins ce qui ressort de ce recueil où les dessins sobres mais fort explicites de l’illustrateur complètent merveilleusement les sentences de l’auteur.

Dans ce recueil Jean-Louis Massot évoque tout ce qu’il aurait voulu être et tout ce qu’il n’aurait pas voulu être avec beaucoup de malice et de spiritualité mais aussi un doigt de désabusement vis-à-vis de ses congénères qui l’ont souvent déçu et un réel agacement à l’endroit des gouvernants qui imposent un peu trop souvent leurs aberrantes décisions (c’est du moins ce que suggère l’auteur). Digne héritiers des surréaliste belges, il manie avec adresse les armes redoutables que sont l’ironie, la malice et la dérision pour laisser entrevoir sa personnalité cachée : amoureux jamais comblé, musicien dans l’âme faute de mieux, poète rêveur, militant de toutes les causes pouvant faire progresser l’humanité sur le chemin de la sagesse, du bon sens et l’art de vivre en harmonie entre soi sur une planète respectée.

J’ai tiré de son carquois, un peu au hasard car le choix aurait été trop cornélien, quelques flèches bien acérées qui ne manquent ni de finesse, ni de poésie :

« J’aurais aimé être un degré de plus dans la fantaisie ».
« Je n’aurais pas voulu être une suite sans fin ».
« J’aurais tant aimé être la cerise sur le gâteau ».
« Je n’aurais pas voulu être le lauréat d’un mauvais concours de circonstance ».
« J’aurais aimé être le déraillement d’un train de mesures économiques ».
« Je n’aurais pas voulu être aux petits soins pour un malade du pouvoir ».

Mais, évidemment, pour déguster pleinement ses sucreries acidulées, il faut avoir sous les yeux les dessins de Gérard Sendrey.