L'hiver aux trousses
de Cédric Gras

critiqué par Vince92, le 10 octobre 2016
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
Voyage en Extrême-Orient russe
Cédric Gras est un jeune géographe voyageur français, amoureux de la Russie et plus particulièrement de son Extrême-Orient. Plutôt que d’écrire un autre ouvrage savant, une de ces thèses qui finissent sur les étagères d’une bibliothèque universitaire et lues par une centaine de lecteurs tout au plus, Cédric Gras a préféré donner une description moins savante et plus instinctive, sensorielle des paysages, des habitants et des réalités géographiques des espaces qu’il a parcourus durant un peu plus d’un mois de septembre à octobre descendant les latitudes, poursuivi par l’hiver. Car c’est une quête assez originale qu’à entreprit l’auteur : explorer ces contrées au cours de l’automne... de fait Cédric Gras est accompagné par une taïga et une toundra flamboyantes et cela donne au lecteur l’occasion de lire des pages pleines de poésie sur la description des paysages qu’il traverse.
Cependant, c’est lorsqu’il décrit les réalités économiques, démographiques et qu’il se fait historien de la région que Cédric Gras est le plus intéressant : il partage son périple en trois, Yakoutie, Sakhaline et confins chinois et coréens en donnant à chaque fois des informations très pertinentes sur les caractéristiques de ces espaces largement ignorés des lecteurs français.
On apprend ainsi comment l’Union Soviétique, puis la Russie ont tenté et tentent encore de maintenir une population dans ces régions afin de ne pas les livrer immanquablement aux Chinois qui, par le commerce et leur démographie, tentent d’annexer de fait ces étendues qui regorgent des matières premières que leurs industries réclament en de toujours plus grandes quantités. Le fleuve Amour agit comme une zone tampon entre les mondes européens et asiatiques, une frontière tant physique que culturelle, poreuse cependant et qui est le confluent des zones d’influence russes, japonaises, chinoises et coréennes. On apprend donc beaucoup de la lecture de ce livre qui permet au lecteur de découvrir ces espaces mythiques mais inconnus.
Cédric Gras a été influencé par Sylvain Tesson, c’est évident, en parcourant internet, on comprend même qu’il est l’un des compagnons de l’auteur de Bérézina, dans lequel Tesson raconte son voyage de Moscou à Paris en side-car. Or, n’est pas Sylvain Tesson qui veut, et si l’aspect documentaire est bien réussi, en général le récit des «aventures » de voyages tombent un peu à plat. Les personnages rencontrés n’ont que peu de relief, les expériences et autres anecdotes sont assez banales... on devine un auteur sans beaucoup d’humour quand on sourit souvent à la lecture de l’axe du loup par exemple. Cédric Gras n’est pas vraiment un écrivain, tout au plus un géographe doté d’un style correct (cf sa description des paysages évoquée un peu avant) mais sans toujours beaucoup de relief.