La Grande Guerre des écrivains: D'Apollinaire à Zweig
de Auteur inconnu

critiqué par Radetsky, le 9 octobre 2015
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Le glaive et la plume : la littérature comme témoignage
Encore une anthologie...! m'étais-je dit en mettant la main sur ce volume, avec la crainte de tomber dans le pathos et le désordre de subjectivités surtout préoccupées d'elles-mêmes.
Erreur.
Voici de quoi alimenter toutes les curiosités pour une époque tragique où le fait d'écrire peut passer pour de l'indécence, sinon pour de l'inconscience.

Antoine Compagnon, fils de général (ancien de la 2eDB), polytechnicien puis ingénieur, s'est ensuite voué à la littérature... avec succès si j'en juge par la surprenante pertinence de ses choix dans la synthèse qu'il nous offre.

C'est bien "l'air du temps" que nous sentons et comprenons, qu'il s'agisse des combattants (et pas uniquement chez les habituelles têtes d'affiche) ou de ceux de l'arrière, souvent les uns jugeant les autres et vice versa, au travers de leurs écrits. Qu'il suffise de mentionner, afin de donner un rapide aperçu, les grandes subdivisions de l'ouvrage :
L'été 14
Le front
Les échelons entre lignes et arrière-lignes
L'arrière
Mémoire et oubli
Sachant que leurs limites ne sont pas étanches et que de multiples correspondances s'établissent qui renvoient à tel auteur, à tel moment, à telle impression, évoqués ailleurs.

Et nous ne sommes pas non plus devant un petit tour franco-français des talents et des angoisses... : Jünger, Mandelstam, Woolf, Brooke, Lussu, Malaparte, Dos Passos, Akhmatova, Kipling, etc. etc. sont convoqués ; et nous sentons combien cette guerre fut absurde et cruelle en retrouvant au travers de chacun des extraits proposés, chez les uns et les autres, une communion dans les perceptions, les valeurs, les consciences : l'écrivain , les écrivains (ou acteurs) de toutes origines, témoins du crime contre l'humanité.

Antoine Compagnon n'oublie personne ni aucun lieu, dans les faits, la mémoire ou le génie des lettres. avec cette judicieuse sélection de ce qui pourrait légitimer (un tant soit peu) l'expression "littérature de guerre", "sur la guerre" en fait, mais bien au-delà des habituels poncifs suscités par les anthologies.

A recommander pour qui souhaiterait orienter ses lectures sur cette terrible période, 1914-1918