La dernière nuit du Raïs
de Yasmina Khadra

critiqué par Elko, le 27 septembre 2015
(Niort - 47 ans)


La note:  étoiles
La Passion du Guide
Mouammar Kadhafi se terre dans une maison en ruine de Syrte au milieu de ses derniers fidèles. La ville est aux mains des rebelles. C'est la dernière nuit du Raïs.

Dans ce court roman, Yasmina Khadra entre dans la tête d'un des dictateurs les plus tyranniques et mégalomanes de notre ère. Celui qui se voyait personnifier la Lybie elle-même, qui se voulait un destin messianique, invincible et infaillible, celui là même vit les dernières heures qui le mèneront à la vindicte d'un peuple, son peuple.
Dans ces moments de solitude, quand tout semble perdu, le tyran se replonge dans son enfance dans le clan bédouin des Ghous, écoute sa Voix qui l'a si souvent guidé, ressasse les humiliations avant le coup d'état, essaie de comprendre ce peuple qui le trahit, se demande comment s'écrira sa légende, ...

Plus qu'une véritable biographie, Yasmina Khadra nous montre les états d'âme d'un homme qui se voulait Dieu, le délire d'un paranoïaque sanguinaire dont la sacralité s'écroule. Le tout servi par l'incroyable plume de l'auteur.
Les dernières heures d'un tyran 9 étoiles

Yasmina Khadra est un auteur qui me fascine tant il excelle à dépeindre les méandres de personnalités tourmentées dans les heurs et malheurs de nations pétries de violence.

Sa connaissance du Proche et du Moyen-Orient lui permet de situer ses personnages dans des scènes où le lecteur peine à distinguer la réalité de la fiction.

Comment la barbarie naît au cœur de l’home et quels sont ses terreaux, ce thème ne semble plus avoir de secret pour lui.

Chacun de ses écrits m’émeut et me fait réfléchir et c’est pourquoi c’est un auteur que je lis fréquemment.

« Les grands idéalistes déçus peuvent engendrer les plus féroces tyrans » étaient les propos d’un de mes professeurs au Collège.

Ce livre illustre à merveille ces propos.

Le prologue nous fait vibrer à l’unisson de l’idéalisme d’un enfant rêveur et empreint de mysticisme.

Dès le 1er chapitre, tout bascule, j’ai frissonné et frémi devant cet enfant devenu raïs, sa cruauté serait-elle fruit de sa grande sensibilité et d’une fêlure profondément enfouie.

Au fil des chapitres, je vais trouver ce personnage exalté, fier, mégalomane, féroce et misérable ; son déséquilibre est de plus en plus flagrant, on le perçoit de plus en plus pitoyable et fou à l’approche de sa dernière heure.

Vertigineux exercice de se glisser ainsi dans la peau d’un tyran et de nous faire percevoir les multiples facettes de sa personnalité. Yasmina Khadra fait une nouvelle fois preuve d’un grand talent.

Bafie - - 62 ans - 31 mai 2018


Perdu par son optimisme malsain 7 étoiles

Les derniers moments du Raïs, alias Mouammar Kadhafi sont imaginés par l’auteur de manière conforme aux attentes.

Ce dictateur cruel, mégalomane, narcissique et qui selon de nombreuses rumeurs cumulait les pires perversités qu’un homme puisse posséder devient pendant les derniers instants de sa vie un animal traqué, perdu mais aussi convaincu qu’une situation objectivement désespérée va au final rester à son avantage. Il s’interroge sur son « œuvre », sur les motifs de ses difficultés du moment, sur les trahisons subies alors qu’il estime avoir été un visionnaire pour son peuple.

La plume de l’auteur est comme à son habitude d’un excellent niveau et ce récit donne la bonne mesure pour faire jouer la musique de cet épisode célèbre des printemps arabes.

Rien de vraiment surprenant puisque conforme aux données historiques, voilà ce que nous sert un bon Yasmina Khadra.

Les lecteurs qui suivent cet auteur ne pourront pas être déçus.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 4 février 2016


Ton froid 6 étoiles

Comme toujours : très bien écrit. Toutefois, au-delà de ça, le thème ne m'inspire pas énormément. Kadhafi est le narrateur et son ton est presque trop détaché (évidemment qu'on est shooté…). Son orgueil et son mépris total de tout et de tous prennent ici toute leur (dé)mesure, mais le lecteur n'y est pas plongé. Il apprend seulement les origines de Kadhafi. Le seul point qui m'a un peu dérangée, c'est quand le tyran compare sa mort à celle de Jésus (un comble !).

Pascale Ew. - - 56 ans - 29 décembre 2015


Creux ! 1 étoiles

J'irai directement au sujet sans fioriture. Ce livre m'a vraiment déplu car il est creux.
Khadra nous égrène une ébauche imaginaire des derniers moments d'un fou sanguinaire. Quelques souvenirs en désordre sans suite logique.
Les pages se tournent, plus ressemblantes les unes des autres, sans passion.
Quel message peut bien véhiculer une telle littérature ?
La presse a déjà en son temps décrit le personnage : drogue, sexe, paranoïa. Sa fin a fait la une de Paris-Match et autres vendeurs d'images et de sensation.
Je m'interroge. Et puis zut.... même pas.
A oublier.

Monocle - tournai - 64 ans - 6 novembre 2015