Dans ce court roman, Ernst Jünger revient au mitan des années 80 sur ses obsessions concernant la place de la technique et de ses épigones à savoir la statistique et de la propagande.
Ces deux instruments au service du management des entreprises marchandes, vouées à l’artificialisation du monde prennent pied dans le commerce de la mort : le narrateur, d’une vieille famille prussienne liée au métier des armes et aux habitus de l’aristocratie bascule dans la classe bourgeoise et se fait marchand. Il s’associe à un juif pour établir un projet de grande envergure : développer un lieu de sépulture pour les morts du monde entier.
C’est ainsi que ce dernier tabou, celui de la mort avec toutes ses dimensions spirituelles est attaquée par le règne du profit et des affaires. Comme une malédiction n’arrivant jamais seule, le narrateur connaît dans son mariage la longue agonie de l’ennui, comme une fatalité du mariage bourgeois que Jünger n’a cessé de dénoncer au cours de sa vie, non pas dans ses écrits mais surtout dans sa vie.
Ce n’est clairement pas la meilleure production de Jünger, on s’y ennuie même parfois à sa lecture, mais ce petit Problème d’Aladin a le mérite d’enfoncer un nouveau clou dans ce modèle libéral qui s’empare de toutes les dimensions de nos vies. C’est un problème en effet, la source sans doute de tous les maux qui accablent l’humanité.
Vince92 - Zürich - 47 ans - 20 octobre 2021 |