C'est moi qui éteins les lumières
de Zoyâ Pirzâd

critiqué par Falgo, le 25 avril 2015
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Original et prenant
Il ne se passe rien dans ce livre et il est passionnant. Clarisse, 38 ans, est arménienne-iranienne. Elle est mariée à Artush, ingénieur, et mère de 3 enfants, un adolescent et deux jumelles. Elle nous conte doucement la vie quotidienne de cette famille sans histoire, de sa mère et de sa soeur, de ses amis au sein de la communauté arménienne d'Abadan.
Mais cette vie quotidienne est racontée avec une telle subtilité, pimentée de détails matériels et de sentiments, que chacun peut y retrouver une part de sa propre existence au jour le jour ou de celle de ses proches. Par delà ce conte, Clarisse laisse peu à peu percevoir sa propre lassitude: routine de l'éducation des enfants, de la préparation des repas, du ménage, du mari taiseux et peu démonstratif... Peu appuyé et légèrement écrit, le récit de cette lassitude s'enrichit constamment de faits, de sentiments, de mouvements d'humeur, de foucades vite réprimées qui font cependant sursauter les enfants avant qu'ils ne retournent à leurs préoccupations du jour.
L'arrivée de nouveaux voisins va amplifier le phénomène. Une dame âgée lui fera part d'une lassitude analogue enfouie dans un caractère apparemment tourmenté et Clarisse ressentira une sorte de coup de coeur pour le fils qui la déstabilisera encore plus sans qu'elle le laisse véritablement paraître, celui-ci lui avouant difficilement qu'il en pinçait pour une autre avant que cette famille ne disparaisse brutalement et mystérieusement pour que Clarisse puisse retourner à sa routine d'une manière apparemment apaisée.