Méandre
de Yves Hughes

critiqué par Fanou03, le 18 novembre 2020
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
La douceur des plumes
C’est un fort joli titre que l’auteur a donné là à son roman : il évoque à la fois les méandres de la Seine dans lesquels Mortimer, le narrateur aime nager quand il passe ses fins de semaine dans sa maison de campagne en Normandie, aussi bien que le propre méandre de son esprit. Mortimer est autiste Asperger, sa façon de voir les choses est donc assez différente de la nôtre. Jeune ingénieur à Paris dans un bureau d’étude, il vit seul dans un cadre parfaitement réglé qui supporte mal le dérangement. Jusqu’au jour où il rencontre un ancien camarade de lycée qui lui fait découvrir le badminton.

Le roman permet de toucher du doigt la pathologie du jeune homme, en particulier son impossibilité à déchiffrer les émotions et son déficit d’empathie. Mortimer se révèle au fil des pages être une figure atypique, un peu indifférente aux êtres qui l’entourent. Malgré tout, à travers les questions qu’il se pose sur son propre comportement et les passions qui l’animent, on ressent un certain attachement au personnage. Parmi ces passions il y a l’ornithologie mais également le badminton. Au-delà de l’aspect strictement documentaire, les réflexions sur les sensations qu’apporte ce sport à ses pratiquants font faire de fort belles pages à Yves Hugues.

D’une simple péripétie narrative plutôt amusante à la base et presque anecdotique, ce surgissement du badminton se transformera bientôt en obsession pour Mortimer qui en voudra disséquer tous les principes physiques. Yves Hugues reboucle à ce moment-là avec la personnalité de son narrateur, son difficile (impossible ?) rapport aux autres, à son corps et au monde en général, dans une conclusion qui fait froid dans le dos et laisse en suspens un malaise indéfinissable.