Alcools
de Guillaume Apollinaire

critiqué par Jules, le 4 février 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une merveille de musique
Ce recueil contient de véritables merveilles de musicalité de la langue. Il y a souvent beaucoup de mélancolie chez Apollinaire.
Extraits du poème " A la Santé " :
"
Avant d’entrer dans ma cellule Il a fallu me mettre nu Et quelle voix sinistre ulule Guillaume qu’es-tu devenu
(…)
Que lentement passent les heures Comme passe un enterrement
Tu pleureras l'heure où tu pleures Qui passera trop vitement Comme passent toutes les heures "
Ceci n’est qu'un petit exemple des beautés contenues dans ce petit recueil.
L'ivresse créatrice, entre Orphée et Dionysos 10 étoiles

La poésie d'Apollinaire a quelque chose d'envoûtant, un parfum entêtant qu'il est difficile d'oublier. Ses poèmes ont un caractère tumultueux tant ils prennent de libertés avec la tradition. Apollinaire bouscule la poésie classique en prenant des libertés avec le mètre des vers, avec la régularité des strophes, et les thèmes qu'il aborde. Il ose l'absence de ponctuation, le vers libre, l'alternance de poèmes longs et de poèmes courts. "Zone" chante la modernité. La ville, la publicité, l'argent font leur entrée dans la poésie Ils deviennent des sujets poétiques sous la plume de l'artiste qui transfigure la réalité. Il ose aussi des métaphores déconcertantes qui suscitent beaucoup d'images dans l'esprit du lecteur tout en adoptant parfois des structures complexes comme dans "La chanson du mal-aimé". Dans ce dernier texte il s'autorise même des pointes d'humour qui détonne quelque peu avec la genre poétique en adoptant un langage plus familier. Restent en mémoire certains vers d'une force incroyable et qui interrogent sur notre rapport au réel. L'ivresse créatrice suggérée par le titre du recueil est débordante et stimulante. Il y a un peu d'Orphée dans Apollinaire, mais il y a aussi une part empruntée à Dionysos. Certains poèmes ont une démesure et un pouvoir enivrant incroyable comme le poème final "Vendémiaire" qui répond à "Zone". Apollinaire ne renie pas pour autant la tradition. Il revisite certaines formes traditionnelles et actualise certains thèmes déjà traités dans la poésie classique, comme l'amour, la tonalité lyrique, la métaphore de la fleur associée à la femme, la fuite du temps ... Il ne tourne pas le dos aux poètes qui l'ont précédé.

En amour, le poète souffre et cela se ressent dans les poèmes qui concernent Annie Playden ou Marie Laurencin. Le corps de la femme est souvent meurtri et désarticulé. Le poète reconnaît que chacun de ses poèmes lui permet de commémorer un épisode de son existence. De son voyage en Allemagne, il a conçu la section "Rhénanes" qui comporte des poèmes célèbres. Certains textes évoquent le Rhin, ses légendes, les ruines de châteaux, la ville de Munich. Le fantastique est parfois présent. Il est nourri de légendes et séduit le lecteur. L'auteur parle donc de faits vécus et de faits irréels, renouvelle la tradition avec génie, retranscrit ses émotions aussi bien dans un cadre bucolique que dans la ville et a ouvert une voie poétique qui n'a pu que séduire les artistes surréalistes.

Il serait beaucoup trop long de citer les poèmes qui m'ont enthousiasmé tant ils sont nombreux. "Alcools" est sans doute l'un des plus beaux recueils poétiques de la littérature française.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 30 janvier 2020


Apollinaire le poète de la mythologie 10 étoiles

Chaque fois que je lis un poème d'Apollinaire, je sens les larmes me venir aux yeux. Sa poésie m'extase, m'élève sur la platitude de ce monde, me fait sortir de ma peau, et mes larmes ne peuvent persister devant la grandeur et l'extrême sensibilité de ce poète, la fluidité de son style, la musicalité de ses vers et la densité de ses images.
Oui on sent tout, mais on ne peut tout dire, on ne peut tout traduire, et on se trouve embarrassé devant la densité de ses thèmes. Alcools fait preuve de cette richesse. Je l'ai choisi pour sujet de mémoire de licence, et j'ai choisi, plus précisément, les mythes dans ce recueil. J'ai constaté qu'Apollinaire arrive non seulement à user habilement des mythes, mais à les refaire et les défaire à son gré, et toutes les figures mythiques: grecques; romaines; judéo-chrétiennes et modernes se dégradent chez Apollinaire pour frapper dans la normalité, la banalité, perdent leurs aspects divins ou mystérieux dont il s'empare, et c'est lui qui devient dieu, et acquiert les puissances les plus incroyables. La seule exception à ce processus de dégradation est le phénix, cet oiseau mythique auquel le poète d'Alcools aime à s'identifier pour son caractère renouvelable. Apollinaire aspire par la déformation des mythes symboliser le bouleversement de la réalité existante pour créer une autre dans laquelle il ne serait plus bâtard et rejeté par les femmes. Mais la grande vérité qui lui échappe est que sa poésie a réussi à lui fonder non seulement un nom et une famille mais à l'élire père de la poésie. Et le voila enfin gagnant dans l'universalisme.

Hafsa - - 45 ans - 22 février 2013


3 étoiles! 6 étoiles

Alcools est un recueil de poèmes écrit par Guillaume Apollinaire.Je trouve l'ensemble plutôt inégal,les vers sonnent bien.Certains passages m'ont laissé hermétique.Un classique de la poésie expérimental à lire pour l'importance historique et les audaces formelles(absence de ponctuation).

Js75 - - 40 ans - 6 juillet 2010


magnifique et énigmatique 10 étoiles

pour ma part c'est Cors de chasse qui m'a le plus marquée, en voici un extrait :
"passons passons puisque tout passe
je me retournerai souvent

les souvenirs sont cors de chasse
dont meurt le bruit parmis le vent"

Je n'ai par contre pas trop accroché avec le bestiaire final, peut être quelqu'un sait-il quelque chose dessus ? J'avoue pour moi ça reste le morceau le plus mystérieux. Beaucoup de poèmes le sont dans ce recueil comme dans beaucoup d'autres, mais personnellement je me laisse porter par ce que les vers évoquent à mes sens, sans forcément chercher à rationaliser. Y a-t-il toujours quelque chose à comprendre, un message à décoder ? Je crois que le but de la poésie est justement de briser les codes traditionnels du langage, de laisser l'écrit nous captiver autrement. C'est pour ça que j'aime beaucoup !

Bonnes lectures à tous !

Anonyme1 - - 34 ans - 5 juillet 2008


Enivrant ! 10 étoiles

Ni plus ni moins qu'un chef d'oeuvre de la poésie. Inratable !

Bookivore - MENUCOURT - 41 ans - 5 avril 2008


art poétique 8 étoiles

Ce recueil est un véritable art poétique: il annonce la fin du monde ancien et le début du monde moderne dont il fait l'éloge. D'ailleurs, il parvient à mêler la mythologie à la modernité (Aubade). Mais le poème qui m'a vraiment accroché est Zone: ce poème liminaire explique en 155 vers le contenu du recueil: c'est une déambulation dans Paris et un retour sur lui même, sur son enfance. Il utilise un style poétique moderne: pas de ponctuations, des vers libres et cela laisse une part de mystère qui laisse chaque lecteur s'identifier à lui et interpréter le message à sa façon. Enfin, ce recueil vit car le lecteur suit le poète dans sa balade et visite Paris grâce à la précision des détails donnés.

Estel - Briançon - 35 ans - 14 mai 2006


une découverte ! 7 étoiles

j'étais en 5éme, Mme Koessler nous a fait découvrir cette oeuvre, un bonheur pour moi puisque dans le même temps naissait en moi l'amour de la poésie !!!
Tout littéraire se doit de connaitre ceci, même le littéraire le moins travailleur ...

Kyzaré - Santeny - 36 ans - 20 février 2006


superbe 10 étoiles

J'ai beaucoup aimé ces poèmes à la fois frais et tristes.
Mes préférés étants "le pont Mirabeau" avec particulièrement
"Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente"
et "Les colchiques":
"Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne"

Lileene - - 39 ans - 5 novembre 2005


difficile d'accès 6 étoiles

Il est vrai que les poèmes d'Apollinaire ont beaucoup de musicalité, les vers sonnent donc bien et c'est forcément beau. Cependant, on ne comprend quasiment jamais ce qu'il veut dire, et l'absence de ponctuation n'est pas pour arranger les choses. Est-ce que la beauté des mots, leur musicalité suffisent à faire un poème digne de ce nom? J'ai trouvé ce recueil frustrant, je me disais:"ce poème est beau mais on ne comprend rien". Reste quand même quelques classiques compréhensibles(il n'y en a pas beaucoup) comme "le pont mirabeau" et "les colchiques", magistrales. Mais en somme un recueil plutôt difficile d'accès car inconpréhensible la plupart du temps bien que beau par sa musicalité et son modernisme.

Cléliadeldongo - - 35 ans - 5 mai 2005


Perspectives 9 étoiles

Je voudrais insister sur ces vers :

"Pardonnez-moi mon ignorance
Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers

Je ne sais plus rien et j'aime uniquement
Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes
Je médite divinement..."

Afin de montrer à nouveau le rôle qu' joué ce poète.

MOPP - - 87 ans - 7 avril 2005


Etourdissant!! 7 étoiles

Parfois blessant, toujours blessé, Apollinaire nous emmène dans le manège musical et coloré de son esprit... Et cela donne le poème le plus court et énigmatique ( CHANTRE ) ou encore, comme l'a très justement écrit Lucien, l'un des plus beaux poèmes ( L'ADIEU )... Ce n'est pas mon recueil préféré mais c'est le plus symbolique. j'aime particulièrement cet extrait : LES COLCHIQUES "Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne"

Banzaille - Rennes - 40 ans - 16 janvier 2004


Oui, c'est à cause de Patman... 9 étoiles

De grand matin Patman me remet Apollinaire dans l'oreille par sa critique éclair. Et voilà la musique de Guillaume qui s'empare à nouveau de moi...
" Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir"
Puis,
"J'écoute les bruits de la ville Et prisonnier sans horizon Je ne vois rien qu'un ciel hostile Et les murs nus de ma prison
Le jour s'en va voici que brûle Une lampe dans la prison Nous sommes seuls dans ma cellule Belle clarté Chère raison"
Et encore...
"L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure"

Jules - Bruxelles - 79 ans - 29 mai 2002


Moderne et précurseur. 10 étoiles

Ce recueil paru en 1913 contient des poèmes écrits entre 1908 et 1913. "Zone", le texte qui débute le recueil a même été écrit quelques jours avant sa parution !
Apollinaire peut être considéré comme un précurseur de la poésie moderne, un surréaliste avant la lettre. Et près de 100 ans plus tard, il n'a pour ainsi dire pas pris une ride !

Patman - Paris - 61 ans - 28 mai 2002


"Cet alcool brûlant comme ta vie..." 10 étoiles

Jules est en dessous de la vérité : "Alcools" d'Apollinaire, c'est LA poésie. Musique, oui. Mélancolie, oui. Mais aussi sensibilité, amour, humour, vision, modernité, harmonie, originalité, équilibre et désordre, rigueur et emportement...
Jules cite quelques extraits, et c'est sans doute la meilleure chose à faire. Qu'il me permette d'en ajouter quelques-uns, au vrac de la mémoire :
"Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire"
"O l'automne l'automne a fait mourir l'été Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises"
"Sous le pont mirabeau coule la Seine Et nos amours"
"Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là Violâtres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne"
Et pour finir, l'un des plus courts et des plus beaux :






L'Adieu "J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends"
Souvenez-vous... Apollinaire...

Lucien - - 68 ans - 16 décembre 2001


un classique du genre 8 étoiles

"Alcools" est un recueil que tout intéressé se doit de connaître. A posséder dans sa bibliothèque! Extrait favori: "Et moi j'ai le coeur aussi gros Qu'un cul de dame damascène O mon amour je t'aimais trop Et maintenant j'ai trop de peine."

Néo-plume - Termes - 41 ans - 11 mars 2001