Un jour glacé en enfer
de Anne Birkefeldt Ragde

critiqué par Marvic, le 22 mars 2015
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Malaise
La première page donne le ton. Une femme nouvellement "débarquée dans un endroit  boueux" se soumet complètement à un homme, dominée par son attirance sexuelle. Elle le suit, lui obéit, esclave de son désir permanent pour cet homme.
Cet homme, qu'elle a rencontré en faisant de l'auto-stop, et qu'elle a suivi, séduite par ces "bras d'homme qui se tendent loin devant eux, les manches de chemise retroussées, avec des épaules puissantes"...
Cet homme est éleveur de huskies, il communique plus avec ses chiens qu'avec sa compagne à qui il ne s'adresse que pour lui donner les consignes de soins de la meute, vivant dans un endroit isolé, loin de tout, dans un silence uniquement troublé par les aboiements.
Mais les premières neiges font revivre l'homme car il va pouvoir reprendre les courses.
Elle va donc se retrouver seule dans ce milieu hostile, où les températures descendent à – 30°, où la neige isole davantage encore l'élevage, seule avec les 17 chiens restants, et un revolver en cas de visite de loups ou de gloutons.
" -Bon, je pars.
- Je comprends. Tu m'appelleras ?
- J'en doute. Je t'ai tout montré. C'est quand même pas le bout du monde. Tu te débrouilleras comme un chef. Tu vas pouvoir chialer en paix.
Il rit et enclenche la première. Il s'éloigne.. Jusqu'au bout, elle n'y a pas cru."

Elle aura la visite des deux, et saura faire face, sa solitude, l'éloignement de l'Homme, le courage dont elle devra faire preuve, modifieront sa façon de penser, et sa soumission passive.

Passées les premières pages, il m'a fallu lire la quatrième de couverture pour poursuivre ma lecture.
"Avec la même tension sexuelle que L'amant de Lady Chatterley … Anne B. Ragde déploie dans ce roman toutes les nuances de son style et démontre une nouvelle fois, la force de son écriture." Cela n'aurait bien sûr pas suffi si je n'avais lu la trilogie Neshov que j'avais beaucoup appréciée.
Alors, il m'a fallu dépasser les scènes triviales voire bestiales, au vocabulaire cru et vulgaire pour connaître le destin de cette femme.

Une impression de malaise plane sur le livre, malaise devant la soumission de cette femme mais aussi malaise devant l'absence quasi-totale d'identification. Ni l'homme, ni la femme n'ont de prénom ou de nom, (seul un collègue est identifié), pas de nom de lieu ou de région; les seuls qui sont identifiés sont les chiens. Une certaine fascination, un suspense (heureusement) font que je suis allée jusqu'au bout de cet étrange roman. Même si j'ai trouvé les derniers chapitres encore moins crédibles.
Je pense que la traduction n'a pas aidé la lecture. Le vocabulaire ne m'a pas semblé cohérent, hésitant entre des termes obscènes, ou presque enfantins.
Moi qui ignorais ce qu'était un glouton, je regrette de ne pas être allée me renseigner avant la fin de ma lecture, même si cela ne m'a pas empêché d'imaginer les scènes fortes du combat contre ces animaux "les plus féroces du Grand Nord."