Les Evénements
de Jean Rolin

critiqué par OSCARWY, le 11 mars 2015
( - 67 ans)


La note:  étoiles
UN ROMAN ODONYMIQUE DANS UN FUTUR POST ANTERIEUR.... ?
" c'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard Sébastopol pied au plancher, à contre sens et sur toute sa longueur"
Le livre commence donc à toute vitesse, l'action démarre de Paris, le narrateur, peut-être l’auteur lui-même, l'identité de celui ci reste ambiguë, le décor la France ravagée par une guerre civile entre de nombreuses factions, religieuse /idéologique / politique ...qui ont des noms exotiques (ZUZUS / HESZB / FINUF/CICR...) les belligérants portent eux, des insignes intrigants (l’Oustacha à damier rouge et blanc / la totenkopf .. )le gouvernement dont on ne sait pas grand chose, est basé sur l’ile de Noirmoutier, et les transactions se font non pas en euros mais en greschen
Le narrateur (peu sûr de lui) des "événements" doit remettre un sac de médicaments à l’un de ses vieux amis devenus colonel sur les bords de Loire, puis dans un second temps s’enfuir avec l’égérie (Victoria) du dit colonel pour aller retrouver un fils hypothétique (peut-être le sien / peut-être celui du colonel!) dans le sud de la France
L’ambiance du roman ressemble un peu à celle du roman de Cormac Mac Carthy " la route"
cette errance futuriste se passe dans un décor très actuel, ce qui donne au récit une atmosphère étrange, uchronique, que j’oserai nommer "un futur post antérieur" ( ce qui ne nous éclaire pas plus, je l'avoue!) dans un cadre détaillé maniériste hyperréaliste, toutes les topographies des villes et des paysages sont détaillées de façon minutieuse, hypertrophique!, on ne risque pas de se perdre dans le cheminement du narrateur qui ânonne d’une voix atone de GPS, mais malheureusement ce que l’on perd définitivement c’est l'intérêt pour la suite du récit, car l’apathie nous gagne et nous force à cligner des yeux pour scruter ces pages qui finissent par ressembler à une carte IGN, qui va nous amener nulle part, sinon dans un tourbillon d'odonymie, un lacis de rue qui nous donne le tournis
exemple d’odonymie compulsive: " les gens qui empruntaient la rue de la République une fois parvenus au débouché de celle-ci dans la rue Charles- Nicotra selon qu’ils regardaient sur leur droite ou sur leur gauche)..... il rejoint l’avenue Maurice Thorez et du boulevard Dominique Nicotra avant de s’engager dans celui-ci jusqu’au rond point où il devient la rue Charles Nedelec..... A Clermont- Ferrand une ancienne bibliothèque située à l’angle de la rue Bardoux et du boulevard Lafayette..... (et là je dis bravo car je suis bien placé pour savoir qu’il y a très peu de Clermontois susceptible de délivrer une information aussi précise !!)
Ce roman n’est pas très long (194 pages) et il a reçu quelques très bonnes critiques, je pense aussi qu’il est intéressant d’écouter les interviews de Jean Rolin pour se faire un avis plus personnel... !
Le dernier touriste 5 étoiles

Malin Jean Rolin qui nous balade sur les routes départementales à travers la France de Paris au Mont Lozère puis à Port-de-Bouc en corsant le tout d’une situation de guerre civile où les destructions et des groupes armés jalonnent le territoire.
Et de fait le récit mi-touristique mi-aventure « page-turner » fonctionne pas mal.

Néanmoins on regrettera d’une part un personnage principal visiblement cultivé mais trop neutre et trop froid et d’autre part une situation insurrectionnelle trop floue dans ses causes et son amplification pour la rendre vraisemblable ou prémonitoire. Dommage l'exercice était intéressant.

Yeaker - Blace (69) - 50 ans - 26 juillet 2015