La fabrique de violence
de Jan Guillou

critiqué par Virgile, le 2 janvier 2004
(Spy - 44 ans)


La note:  étoiles
Dur mais utile!
Encore un livre prêté par l'amie qui m'a fait lire Harry Potter mais dans un tout autre style!

L'histoire est celle d'Erik, un adolescent éduqué à la dure par un père pour qui les châtiments corporels font partie du quotidien, qu'ils soient "mérités" ou non.

Sous ce régime de coups permanent Erik s'est forgé une résistance hallucinante. Pour ne pas pleurer ou gigoter sous les coups (car cela provoque encore plus la fureur du père, augmentant d'autant le supplice) il se réfugie dans une haine tellement puissante qu'elle lui permet presque de quitter son corps meurtri le temps que dure les "punitions".

A l'école, grâce a cette "aptitude" il est le chef d'une petite bande dont la structure est un peu celle d'une meute. Le chef garde sa place grâce à ses poings. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire Erik n'aime pas cette logique. Seulement c'est la seule qu'il connaisse et qui marche. Jusqu'au jour où il est renvoyé de son école à cause des actes délinquants de lui et sa bande.

C'est la qu'il arrive à Stjarnsberg. Un autre établissement scolaire, sa dernière chance pour finir les deux années de cours qu'il lui reste avant le bac. Il y arrive plein d'optimisme, décidé à ne plus se servir de ses poings couverts des cicatrices blanches qu'y ont laissé les dents qu'il a brisé dans sa première vie.

Malheureusement il doit vite déchanter. Stjarnsberg est une école fondée sur le principe de "l'éducation mutuelle". Les élèves des petites classes sont sous la tutelle de ceux des grandes classes. Les professeurs se contentent de donner leurs cours, les élèves de fin de cycle se chargeant de la discipline.

Cela pourrait être une bonne idée mais en fait il en résulte les pires abus, les élèves des grandes classes se changeant en véritables tyrans. Erik se retrouve à nouveau confronté à la violence, celle des "clonques" (coups sur le crâne donnés avec le manches des couteaux ou pour les "clonques à un point de suture" avec le bouchon pointu des carages à vinaigre par les chefs de tables au réfectoire), du carré (endroit où deux élèves de grande classes convoquent régulièrement une forte tête des petites classes pour le tabasser devant les autres) et autres humiliations quotidiennes.

La fabrique de violence raconte la lutte d'Erik et de Pierre, son compagnon de chambre, contre le système de Stjarnsberg. C'est un roman dur mais utile selon moi. Il décrit vraiment bien les mécanismes de la violence et de la peur et cela à travers une histoire prenante et bien maîtrisée, sans donner de solutions toute faites mais en offrant des pistes de réflexions interessantes.

Bref c'est à lire absolument, car la violence on y est tous confrontés un jour, que ce soit celle des autres ou la notre.