28 Paradis
de Patrick Modiano, Dominique Zehrfuss (Dessin)

critiqué par Pucksimberg, le 3 janvier 2015
(Toulon - 44 ans)


La note: étoiles
Un beau poème de Patrick Modiano.
Ce livre, au format original, comporte 28 gouaches réalisées par Dominique Zehrfuss, l'épouse de Patrick Modiano qui a écrit un poème qui se marie avec les 28 miniatures.

Son poème se constitue de vers libres dans lesquels le poète dit avoir acheté ces gouaches chez un antiquaire, ces œuvres qui représentent des scènes paradisiaques peintes par une femme surnommée "la Lilliputienne" que l'auteur a semble-t-il bien connue. Il part dans diverses rêveries qui le font basculer dans des univers féeriques peuplés de cerbères et de centaures, de roses sans épine, d'animaux exotiques ... A la manière des textes d'Apollinaire, il n'y a aucune ponctuation, ce qui laisse une certaine liberté au lecteur quant au rythme de la lecture, tout en donnant aussi l'impression que certains vers sont en apesanteur. Ce procédé d'écriture coïncide bien avec l'atmosphère onirique permise par ce texte qui contient tout de même un cadre initial réaliste comme les aime tant Modiano. Par la suite l'on bascule dans un monde plus enfantin où tout semble possible :
" Une voix me murmurait à l'oreille
Regarde là-bas
Le château et la cascade
Si tu traverses la prairie
Tu entendras
Les musiques silencieuses
Et tu comprendras que les sirènes
Sont encore plus belles
Quand elles se taisent ..."

Je ne connaissais pas le Modiano poète et c'est avec un certain plaisir que j'ai découvert cette facette-là. En revanche, les gouaches ne m'ont pas séduit. C'est un peu gênant car le texte et les illustrations sont censées fonctionner ensemble. Je ne remet pas en cause le talent de Dominique Zehrfuss, mais ce n'est pas un dessin qui me plaît. Il n'en demeure pas moins que ces dessins naïfs respirent la joie, le monde qui précède la civilisation, avec des animaux sauvages et un Adam et une Eve personnels.

C'est un joli voyage que nous propose Patrick Modiano dans ce poème qui stimule l'imagination du lecteur.