Bellefleur
de Joyce Carol Oates

critiqué par Jfp, le 7 décembre 2014
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
une sacrée famille
Une sacrée famille, ces Bellefleur ! Établis en Nouvelle-Angleterre depuis la fin du dix-huitième siècle, ils vont pendant près de deux siècles dominer du haut de leur château aux mille tourelles la "bonne" société, à quelques exceptions près toutefois. Parmi leurs membres illustres, on trouvera quand même un tueur en série, un ermite ayant fui la "civilisation", assortis de quelques "chers disparus" dont la disparition demeurera à tout jamais plus que mystérieuse. Du mystère, il y en a dans les romans de Joyce Carol Oates, mais aussi une mise à nu sans concession des ressorts les plus secrets du comportement humain. Ses amateurs ne seront donc pas déçus dans cet opus magistral, qui brasse tout un pan de l’histoire des États-Unis, de l’Indépendance aux deux guerres mondiales, en passant bien entendu par celle qui mit fin à l’esclavage. Le récit est loin d’être linéaire, se jouant des époques, projetant sa lumière tantôt sur l’un tantôt sur l’autre des multiples personnages de cette saga familiale. L’utilisation astucieuse des prénoms (il est de bon ton de donner aux enfants les prénoms des ancêtres) oblige encore un peu plus le lecteur à se concentrer sur les faits qui sont rapportés s’il veut les replacer dans une chronologie cohérente, d’autant que les dates sont très rarement mentionnées, à dessein sans doute. Il faut entrer dans ce roman comme dans un jeu de pistes, et le plaisir est réel car au fur et à mesure tout finit par s’éclairer. Un bonheur d’écriture, un bonheur de lecture…