Blake et Mortimer, Tome 23: le bâton de Plutarque
de Yves Sente (Scénario), André Juillard (Dessin)

critiqué par Hervé28, le 6 décembre 2014
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Retour gagnant pour Blake et Mortimer
Après le très décevant "l'onde Septimus",signé Dufaux et Antoine Aubin, nous retrouvons nos deux héros sous la plume d'André Juillard, avec un scénario d' Yves Sente, qui signe là un de ses meilleurs sur cette série.
Avec cette préquelle au mythique "Le Secret de l'Espadon", Yves Sente s'offre le luxe de nous apporter des réponses aux questions que l'on pouvait légitimement se poser à la lecture du premier diptyque (pour les premières éditions) des aventures de Blake et Mortimer (Comment Olrik et Blake se sont-ils connus, comment est né l'Espadon, l'histoire de la base secrète de Scaw-Fell et de celle située dans le détroit d'Ormuz).
Yves Sente sait également utiliser les personnages que l'on retrouvera dans "le secret de l'Espadon". Outre ce traître d'Olrik, on y croise l'amiral Gray, le mystérieux Hasso qui fera la couverture du numéro 2 du journal "Tintin" du 3 octobre 1946, et on apprend pourquoi Blake et Mortimer logent au 99bis Parke Lane à Londres.
Il se sert également efficacement d'autres albums (entre autres "le serment des 5 lords") pour expliquer les choix de Francis Blake ou encore son curriculum vitae , tel que Jacobs l'a rédigé dans son ouvrage autobiographiqie, "Un opéra de papier" : "il effectue la première partie de sa carrière dans la RAF, puis...à bord de "l'Intrepid" . C'est à ce moment qu'il est détaché par la "Section spéciale" de l'Admiratly à Scaw-Fell....)
Cette histoire s'apparente plus à une histoire d'espionnage, dans la droite ligne de "la machination Voronov" ou de"l'affaire Francis Blake" qu'aux références fantastiques développés à la fois par Jacobs ("la marque jaune"), Van Hamme ("l'étrange rendez-vous) mais aussi Yves Sente ("les sarcophages du 6ème continent").
En outre, le capitaine Francis Blake, prend pour une fois, le dessus sur le professeur Mortimer tout au long de cette aventure.
Avec André Juillard au dessin, pas de surprises. Il nous offre, dès le début du récit de belles scènes de combat aérien et même si je trouve le trait d'Antoine Aubin plus proche de celui d'Edgar.P. Jacobs, André Juillard nous présente des planches parfaites, que je vous conseille de découvrir dans l'édition du format dit "à l'italienne", qui sont de toute beauté. Je déplore juste la couverture assez "faible" de l'édition courante.

Voici, certainement un des meilleurs albums de reprise de la série, avec "l'Etrange rendez-vous" ou encore ""la Machiation Voronov".
Justin bridou 6 étoiles

Les dessins de bonnes qualités de ce préquel s’appuient sur un scénario très moyen.
L’ensemble reste agréable, et avec un bon p’tit saucisson, ça passe très bien.

Ravenbac - Reims - 58 ans - 4 janvier 2016


Sente refait surface avec le bâton de Plutarque 8 étoiles

Blake et Mortimer, série mythique de la bande dessinée provoque immanquablement la polémique à chaque fois qu'un album de reprise fait son apparition sur le marché.

Les ayatollahs voient souvent dans ces albums de reprise une trahison de l'esprit Jacobs (cf. le forum du Centaur Club par exemple)... il est vrai que certains des albums n'ont pas été à la hauteur de pal production du maître belge.
Sente s'était auparavant distingué, à la fin des années 90, avec un album B&M que je place au sommet de la série: la machination Voronov.
Une nouvelle fois, en 2014 donc, Sente parvient à accoucher d'une histoire réellement intéressante et qui selon moi se calque de façon très satisfaisante au corpus jacobin en expliquant la situation d'avant la trilogie du Secret de l'Espadon (qui n'était pas une trilogie à l'origine, mais bon).
Sans revenir sur les qualités de cet album qui ont été décrites auparavant, je me contenterai d'écrire que j'ai pris du plaisir à lire cet album!

Vince92 - Zürich - 47 ans - 9 mars 2015


Une belle mise en place 9 étoiles

Scaw Fell, Basam Damdu, Golden Rocket, Ormuz.... Ces noms résonnent aux oreilles des lecteurs de Jacobs comme une mélodie familière, surtout quand, comme c’est mon cas, les aventures de l’Espadon ont rythmé l’enfance...

Ici nous avons un « préquel », une aventure d’avant l’aventure en somme, qui met les choses en place, donne de l’épaisseur à certains personnages justes ébauchés jusque là (dont Hasso, par exemple) et nous donne vraiment envie de nous plonger dans la suite, même si celle ci est déjà connue... Mais n’était ce pas le but ?

Renaud - Liège - 58 ans - 9 mars 2015


Un bon album 7 étoiles

Il s'agit d'une "prélogie" du secret de l'espadon (histoire précédant le premier tome).
Il y est question des services secrets durant la seconde guerre mondiale.
On y retrouve le trait et les caractères des personnages de Jacobs.
C'est un bon album qui donne envie de reprendre par le début les aventures des célèbres Blake et Mortimer.

Fredericpaul - Chereng - 63 ans - 28 décembre 2014


J'aime !!! 9 étoiles

Les aventures de Blake et Mortimer se prolongent et régulièrement on peut se retrouver dans un épisode de cette saga qui s’est prolongé après la mort de son créateur, Edgar P. Jacobs. Est-ce une bonne chose ? Les avis divergent et je retiendrai quelques points de vue pertinents : quand un héros devient populaire il échappe à son créateur, pourquoi ne pas offrir une suite des aventures aux lecteurs, seul l’auteur peut prolonger son œuvre et aucun extérieur ne devrait avoir le droit de continuer après la mort du créateur… Tout cela a déjà été dit et redit et nous retiendrons seulement deux choses : d’une part, Jacobs est mort au milieu d’une aventure et il était très légitime de permettre aux lecteurs d’aller au bout de l’histoire et, d’autre part, si les lecteurs sont satisfaits des suites proposées, je ne vois pas comment les en empêcher !

Par contre, on peut légitimement émettre des jugements qualitatifs sur les suites proposées aux différentes aventures de ces héros populaires. Par exemple, quand j’ai vu Morris et Uderzo continuer les aventures de Lucky Luke et Astérix après la mort de Goscinny, j’ai vu ces deux séries sombrer dans une banalité incroyable. C’en était presque désespérant ! Par contre, les deux séries ont connu un réveil – qui demande à être confirmé – avec l’arrivée de sang neuf, en particulier au scénario. Comme quoi ce n’est pas tant le fait de prolonger les aventures qui pose question que le talent réel des repreneurs…

Pour ce qui est des aventures de Blake et Mortimer, l’exigence des auteurs repreneurs a toujours été portée au maximum. Bob de Moor, grand ami de Jacobs, termine Les 3 formules du professeur Satô ; Jean Van Hamme et Ted Benoît sont les premiers à se lancer dans l’aventure avec un remarquable L’affaire Francis Blake ; Yves Sente et André Juillard relèvent le défi avec un non moins remarquable La machination Voronov ; René Sterne entre dans la danse avec son graphisme presque parfait mais la mort l’interrompt en cours de travail sur La malédiction des trente deniers ce qui pousse son épouse dessinatrice aussi, Chantal de Spiegeleer à terminer le premier album de cet épisode tandis qu’Antoine Aubin prend à sa charge le second volet ; Jean Dufaux vient écrire le scénario de L’onde Septimus qui est dessiné par Aubin et Etienne Schréder… Et, voilà, nouvel épisode proposé aux lecteurs, qu’Yves Sente et André Juillard reviennent pour Le bâton de Plutarque…

Mais dans tout cela, dans ces nombreux albums de reprise, il faut constater deux choses qui n’existent pas pour d’autres héros : une équipe éditoriale qui choisit avec soin les artistes qui vont prolonger les aventures de Blake et Mortimer – tout n’est pas possible, il y a du sens et du respect de l’œuvre originale – et un plan qui permet à chaque nouvel épisode de venir se placer à un moment très précis de l’histoire, soit dans une période plus moderne – donc comme une véritable suite – soit entre deux épisodes connus – comme pour venir préciser certains éléments, donner des informations complémentaires aux lecteurs – ce qui fait que le lecteur a le sentiment qu’il y a toujours à la tête de cette série un créateur unique, Jacobs !

L’album Le bâton de Plutarque vient se positionner tout au début de ce cycle mythique. Nous avions tous – ou presque – découvert Blake et Mortimer avec Le secret de l’Espadon et nous avions emmagasiné des informations : Blake et Mortimer se connaissaient, ils avaient déjà travaillé ensemble, ils avaient rencontré Olrik, mais nous n’en savions pas plus… Cette fois-ci, on va tout savoir à travers cet épisode que certains nomment déjà Première enquête, Aventure initiale ou préquelle de l’Espadon…

J’ai envie de dire que c’est là l’album qu’il me fallait pour avoir une bonne occasion de relire Le secret de l’Espadon. En effet, je n’avais jamais bien compris qui était cet empereur Basam-Damdu, probablement parce que lorsque j’étais jeune je ne prenais pas assez le temps de lire tous ces nombreux narratifs textuels que Jacobs nous offrait… maintenant je sais et j’avoue que ma nouvelle lecture du Secret de l’Espadon a été un véritable plaisir !

Ce nouvel album, celui que l’on pourrait considérer comme le premier de la série va nous montrer comment Blake et Mortimer ont, dès la seconde guerre mondiale, travaillé ensemble au service de la Grande Bretagne et de ses Alliés. D’un seul coup, tout prend du sens. Il s’agit avant tout d’une histoire d’espionnage qui laisse présager la grande carrière que Blake fera au sein des services secrets britanniques.

La seule chose que l’on doit dire, ce n’est d’ailleurs pas un défaut au sens strict du terme, c’est que cet album n’est pas fait pour ceux qui n’ont pas l’intention de dévorer derrière tous les autres albums de la série. C’est une véritable introduction, préface, invitation à lire les aventures de Blake et Mortimer dans leur globalité ! C’est un peu comme un menu de fête, une invitation à un anniversaire… et, c’est vrai, Jacobs est né il y a cent-dix ans à Bruxelles ! Cet album de grande qualité sort donc comme pour un anniversaire ou un hommage légitime et mérité…

Un bon scénario de Sente qui montre sa maîtrise scénaristique et sa connaissance de l’œuvre de Jacobs, un dessin précis, juste et appliqué de Juillard qui confirme encore tout le bien que l’on pense de lui depuis longtemps, enfin, la preuve qu’une reprise peut être une œuvre d’art d’une grande qualité, tout simplement !

Je suis donc heureux de cette lecture et espère que vous partagerez mon bonheur !!!

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 7 décembre 2014