Gueule de bois
de Olivier Maulin

critiqué par Guigomas, le 20 octobre 2014
(Valenciennes - 54 ans)


La note:  étoiles
Nuit d’ivresse, ou l’accident de parcours
Je me réjouissais de la parution du dernier livre d’Olivier Maulin. Bien sûr, après les Lumières du ciel et le Bocage à la nage, le titre m’a paru un peu fade mais je ne m’y suis pas arrêté. Le bandeau rouge barré du seul mot ‘Désopilant’ en corps 72 m’a bien fait tiquer un peu mais je n’y ai vu que l’expression de ces impératifs marketing qui touchent tout, même les livres du plus drôle contempteur vivant de notre belle modernité. J’avais tort, ces deux indices auraient dû me mettre la puce à l’oreille. Il faut bien reconnaître que cette Gueule de bois n’est pas une grande réussite.

Livre en deux parties, la première qui nous narre une bonne biture de journalistes sans omettre aucun des passages obligés (les bonnes vieilles bouteilles à 60° sorties de nulle part, le passage aux urgences, la copine un peu bourrée bien gentille, etc…) n’a pas grand intérêt mais couvre plus de la moitié du livre. Elle se termine par un petit morceau de bravoure assez brillamment écrit, mais qui n’évite pas les clichés, sur les opinions prétendues des élites sur le bon peuple et sur l’asservissement consenti de celui-ci.
La seconde partie est un road trip vosgien sur les traces des loups plus convaincante mais qui n’atteint pas le niveau de cocasserie des romans précédents.

On dirait que l’auteur, dans ce livre, a laissé la colère prendre le dessus sur l’esprit de dérision. Du coup il est trop démonstratif, le trait est forcé et sans finesse. J’ai pensé à la lecture à ce livre de Vincenot qui s'intitule les Yeux en face des trous, qui n’est pas non plus le meilleur livre du Bourguignon car dépourvu de sa faconde malicieuse et trop limpide dans ses intentions. Mais Vincenot a encore beaucoup écrit après cela, et ses plus beaux romans. Nul doute que Maulin fera de même, en retrouvant verve et talent ! Vivement le prochain.