Prisonniers de la grande forêt
de Marsha Forchuk Skryputch

critiqué par JulesRomans, le 30 septembre 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Un camp d'internement au Québec durant la Première Guerre mondiale
Prisonniers de la grande forêt de Marsha Forchuk Skrypuch traite, de façon bien plus adaptée aux jeunes lecteurs, du même sujet que "Spirit Lake" de Sylvie Brien. Cet ouvrage a de plus la particularité de commencer par une lettre postée de Montréal par un père qui écrit à sa fille Anya (qui a fêté ses 12 ans au tout début de l’année 1914) résidant dans un village ruthène (partie occidentale de l’Ukraine devenue autrichienne à la fin du XVIIIe siècle).

Le village Horoshova cité existe, il est aujourd’hui au carrefour des frontières de l’Ukraine avec la Roumanie et la Moldavie. Le voyage transatlantique est exposé en une petite vingtaine de pages et l’arrivée au Canada se fait le 5 mai 1914. Anya est scolarisée le matin en ukrainien et l’après-midi en anglais à Montréal. L’année scolaire prend fin et peu après Anya nous apprend qu’elle a pleuré en lisant que l’archiduc François-Ferdinand et sa femme ont été assassinés. On suit progressivement les conséquences que la guerre entre l’Autriche-Hongrie et l’empire britannique ont pour les populations du Canada nées en Europe centrale. L’arrivée de la narratrice se fait à Spirit Lake en avril 1915 et elle le quitte en 1916, il s’agit d’un camp d’internement.

Un épilogue raconte comment l’héroïne et sa famille ont pris l’ascenseur social dans l’Entre-deux-guerres et se sont familiarisés parfaitement avec la langue française. Le dossier documentaire est remarquable tant par les textes que par les photographies et les cartes géographiques. L’une d’elle permet de comprendre que Spirit Lake est au Québec, d’ailleurs pas trop loin des limites nord de cette province avec l’Ontario.