Cent sept ans
de Marie-Aimée Lebreton

critiqué par CHALOT, le 25 septembre 2014
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
La soif de savoir….A la quête de son identité
« Cent sept ans »
Roman de Marie-Aimée Lebreton
Editions Buchet-Chastel
125 pages
Avril 2014

La soif de savoir….A la quête de son identité

C’est un petit livre dont l’écriture est particulièrement soignée.
On frise ici la poésie et si l’histoire est triste, le lecteur est illuminé par les paysages de la Kabylie et fasciné …L’ensemble donne un goût de beau, de nostalgie avec une pointe d’espoir.
Au début il y a cette guerre d’Algérie, le drame pour ces paysans et leurs familles, premières victimes de cette guerre.
Madame Plume ( !) quel curieux nom- vous aurez très vite l’explication- est amoureuse. Ils s’aiment et se marient.
Victime de la guerre, exécuté , le jeune homme ne connaîtra pas sa fille Nine.
Sa femme attendait un enfant, il l’a dit et redit aux hommes en armes.
« Il y avait de la colère dans ses yeux et des larmes aussi. Sur la route où tout brûlait, il a rencontré la mort. Elle s’est assise près de lui, a nettoyé sa blessure. Puis l’a confié à l’absurdité des hommes. »
La femme et sa petite fille partent très loin, dans le nord de la France pour construire une autre vie, pour oublier.
L’oubli n’existe pas.
Pour Madame Plume c’est certain….Nine, dès sa toute petite enfance souffre de l’absence du père et de ne pas tout savoir.
Nine est blessée, pas dans sa chair mais dans son cœur : il y a ce père qu’elle n’a pas connu, sa mère qui ne « refait » pas sa vie, ce pays lumineux d’où elle vient.
« Nine savait qu’elle n’avait jamais oublié la terre qui l’avait enfantée. Nous sommes ainsi faits, nous cherchons toute notre vie à nous glisser dans le lit du temps pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui, au premier matin du monde, nous ont donné la vie. »
Elle s’appelait Fatma, c’était elle qui avait accompagné Madame Plume et qui l’avait aidée à accoucher.
Ce livre, beau et doux nous montre ce qu’est une double identité pour certains.
Il contribue à nous faire comprendre ce que vit notre voisin, venu d’ailleurs.
Jean-François Chalot