Requiem pour l'Angèle
de Guy Alamarguy

critiqué par CHALOT, le 23 septembre 2014
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Beau, sensible et émouvant.
« Requiem pour l’Angèle »
Roman de Guy Alamarguy
Edition : Prem’édit 77
266 pages
Juillet 2014
17 €

Beau, sensible et émouvant.

L’Angèle, vieille dame vient de mourir. De fait, elle s’est donné la mort.
Se sentait-elle diminuée, « inutile », abandonnée après avoir été pendant des années une femme active, pauvre et généreuse ?
Le p’tit, son petit fils préféré, aujourd’hui instituteur à la retraite revient sur sa petite enfance et son enfance, accompagnées et soutenues par sa mémé, celle que tout le village creusois appelait avec respect et chaleur : l’Angèle.
Pierre Sétra, le p’tit est né pauvre dans une famille nombreuse, où père et mère faisaient le maximum pour bien élever leurs enfants malgré les difficultés de la vie.
Angèle est là, comme le guide, le tuteur du p’tit. Elle l’encourage, le protège de près et de loin.
L’essentiel de l’histoire se déroule au milieu et à la fin des années 50, voire au début de la décennie suivante.
La vie est difficile, rude mais dans ces villages de la Creuse et d’ailleurs, il existe la rigueur de la vie mais aussi la solidarité et l’amitié.
Ceux et celles qui ont vécu cette époque se reconnaîtront en partie, en classe, autour de l’école, à la fête foraine ou à la foire dans ce village où tout le monde se connaît, dans cette école publique, où le maître et les élèves se fixent le même objectif.
Les descriptions des paysages, des saisons sont écrites avec des palettes de couleurs et la poésie est présente du début jusqu’à la fin.
J’ai aimé, même adoré ce livre ….Les phrases s’enchaînent, tout est mouvement, tout est couleur et le lecteur a l’impression que l’auteur a voulu construire son livre comme un peintre de talent compose son tableau.
Le p’tit et sa mémé sont indispensables l’un à l’autre :
« Côte à côte. Main dans la main. Moi, culotte courte. Chemisette. Bretelles par-dessus. Cheveux en brosse sous le béret noir. Pas un pli ne dépasse. Sourcils froncés. Elle, droite, digne, visage soucieux, quelques rides, s’imprègne du soleil levant dans cette campagne qu’elle connaît sur le bout des doigts. Bottes en caoutchouc. Blouse à carreaux. Petites lunettes rondes. Cabas à la main. »
Qui a dit qu’une phrase devait au moins avoir un verbe ? Certaines phrases dans ce roman n’en possèdent pas, et pourtant le texte, bien construit, fluide au possible nous ravit.

Jean-François Chalot