Beau-père
de Bertrand Blier

critiqué par Sundernono, le 19 septembre 2014
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Beau-père
Quand Rémi a rencontré Martine, il y a huit ans, elle avait une petite fille, Marion, d'un mariage raté avec un certain Charly. Et cette enfant, Rémi l'a "assumée", comme on dit, lui le tendre, le paumé, le fou de musique qui gagne sa vie - mal - comme pianiste d'ambiance dans un restaurant...
Aujourd'hui, Martine vient de mourir dans un accident, et il ne reste plus que deux naufragés dans la tourmente: un homme de trente ans et une fille de quatorze ans. Charly, lui, réclame Marion et vient la chercher.
Deux jours après, Marion est de retour.
- Pourquoi tu es revenue? Je lui ai demandé.
Elle a baissé les yeux:
- Je pensais à toi tout le temps.

Deuxième roman de Bertrand Blier, Beau-père est un roman d’un tout autre genre que l’impertinent et jubilatoire Les Valseuses.
La thématique est ici encore plus sensible puisqu’il s’agit d’une romance entre un homme et une jeune fille, de surcroît une gamine qu’il a lui-même élevé comme sa propre fille.
A la différence de Lolita, Rémi n’est pas un Humbert Humbert fasciné par les jeunes filles en fleur mais un homme qui aime les femmes. D’ailleurs il résiste sans cesse aux assauts d’une adolescente déterminée et sûre de ses convictions. Elle n’a qu’un seul amour : son beau-père.
Le malaise d’une situation malsaine est bien moins prégnant que dans l’œuvre de Nabokov mais cette situation ambiguë entre ces deux êtres paumés n’en reste pas moins gênante, du moins de mon point de vue.

Porté par une écriture élégante et subtile, Beau-père est un roman qui se lit aisément. La majorité d’entre nous connaissent Bertrand Blier le réalisateur mais celui-ci mérite d’être également reconnu en tant que romancier. Sa plume est belle et il est bien dommage qu’il n’aie pas eu une plus grande productivité littéraire.
Il s’y dégage une certaine légèreté, une forme de désinvolture dans le ton qui font partie de ces petits plus que j’apprécie chez un auteur.