Rouge ou mort
de David Peace

critiqué par Killing79, le 17 septembre 2014
(Chamalieres - 45 ans)


La note:  étoiles
Hypnose footballistique
« Rouge ou mort » nous permet de suivre Bill Shankly, entraîneur mythique du club de football de Liverpool durant quinze ans.

Dès les premières pages, j’ai compris que j’avais affaire à un roman très singulier. Pour raconter les faits, l'auteur utilise un style heurté presque télégraphique. Il se permet même de supprimer les pronoms personnels, ce qui rend la lecture un peu répétitive et étrange au premier abord (Bill fait ceci, Bill pense cela, Bill va là et Bill revient ici…). Seuls les dialogues importants libèrent le texte de ces contraintes et m’ont permis de souffler un peu. De plus, les scènes se répètent jusqu’à l’excès pour nous permettre de mesurer tout le travail réalisé au quotidien par Bill Shankly et son équipe. Le tout crée une lecture particulièrement lourde et fatigante. A tel point que mes yeux ont eu tendance à sauter machinalement quelques mots, quelques lignes tant le descriptif des actions reste irrémédiablement le même.
Heureusement pour moi, je suis un grand fan de foot et j’ai réussi à m’accrocher par passion. L’auteur nous raconte chaque saison, chaque match, chaque but et ce pendant quinze ans…alors si vous ne vous intéressez pas à ce sport, ces 800 pages risquent de devenir votre pire cauchemar. Le football est omniprésent et le texte réservé aux vrais supporters.
Je suis fier et épuisé d’être allé jusqu’au bout de ce pavé. Je garderai comme souvenir le portrait hypnotique d’un homme à part, manager de génie, qui a su rendre au grand Liverpool FC ses lettres de noblesse.
Liverpoool ! 1 étoiles

J'ai tenu 300 des 783 pages de cet indigeste brique.
L'idée de faire partager au lecteur une tranche de vie de cette fabuleuse équipe est sans doute un beau projet mais je regrette vraiment les innombrables répétitions qui ont fini par me faire décrocher.
Quand Bill respire trop fort, quand Bill se gratte le nez et puis quand Bill consulte son carnet de notes. Ce carnet de notes qui doit avoir la taille de l'encyclopédie Universalis depuis qu'on en parle.

J'ai fini par détester le Liverpool Football-club, aussi j'ai préféré clore cet épisode.

Monocle - tournai - 64 ans - 21 mai 2017


Hypnotique et envoûtant. 9 étoiles

Autant le dire tout de suite, si vous n'aimez pas le foot, passez votre chemin ! Ce livre n'est pas pour vous. Par contre, tout amateur de football devrait avoir lu cette brique, livre inclassable, ovni littéraire absolu.
Bill Shankly est un personnage extraordinaire. Cet Écossais, qui fut un joueur passable (entre 1932 et 1949), était issu d'un milieu modeste. C'est le football qui lui a permis de se sortir de ce milieu et d'éviter une triste vie de labeur dans une usine. Il vouera dès lors toute sa vie à ce sport (on lui doit la fameuse phrase : «Le football n'est pas une question de vie ou de mort, c'est quelque chose de bien plus important que cela.») . A la fin de sa carrière pro, il devient "manager" et passe par différents petits clubs de D2 et D3 anglaise (Carlisle, Grimsby,...) avant de rejoindre Huddersfield Town, club avec lequel il réussit des résultats probants malgré de faibles moyens financiers et un noyau de joueurs moyens. Le Liverpool F.C. s'intéresse à lui et décide de le faire venir à Anfield Road pour redresser la barre d'un club qui végète alors en 2ème division. Nous sommes en 1959 et la belle histoire d'amour entre Bill et les Reds peut commencer. Elle durera jusqu'en 1974 et se soldera par 3 titres de champions, 2 "Cup" et une Coupe de l'UEFA !!!
Le livre nous fait revivre les 15 années que Shankly a passé à la tête de cette équipe mythique, décrivant de façon lancinante les rituels mis en place aux entraînements, la manière dont il construit son équipe, ses relations avec les dirigeants, avec ses adjoints (dont Bob Paisley qui lui succédera et poursuivra son œuvre). On le suit également dans sa vie privée, avec sa femme entièrement acquise à la cause de son mari. Là aussi il a ses rituels, par exemple en se levant la nuit à la veille des grandes échéances, descendant dans la cuisine et récurant le four pour s'occuper et évacuer le stress. Tout cela est dit, redit, re-redit avec les mêmes mots, page après page et c'est vrai qu'au début, on est un peu déconcerté par cette écriture, mais très vite on s'y fait et l'on est même parfois étonné d'en redemander !
J'avoue, je me suis régalé à la lecture de ce livre. J'ai découvert une facette d'un grand entraîneur qui était un homme simple et fuyait les honneurs. "Shank" a aujourd'hui sa statue qui s'élève devant le stade d'Anfield Road, pas sûr qu'il aurait aimé ça...

Patman - Paris - 62 ans - 12 novembre 2015


You never walk alone 8 étoiles

Un livre de fou. Un livre sur la folie.

On ne peut pas vraiment dire que ce soit plaisant mais c'est une expérience. Une sacrée expérience. On pénètre dans l'obsession d'un homme, dans l'obsession d'un entraîneur de football professionnel. Le plus gros du livre n'est que répétition, que détails, que résultats. On suit un homme qui ne vit que pour le football, que pour le Liverpool Football Club. Il vit le foot comme d'autres vivent certainement la religion ou l'écriture. Il n'y a pas de place pour le reste. Ne cherchez pas du fun, du glamour ou du trash, le fonctionnement est spartiate. Une 2e partie évoque l'après. L'après reste que football.

Avec ses quasi 950 pages, le livre peut apparaître indigeste. Au final je n'ai pas eu de mal à avancer. J'aime le foot, peut-être que ça m'a aidé. Autre intérêt, Bill Shankly est un entraîneur et une homme hors norme, donc un manager hors norme, obsédé par les résultats. Ses discours, ses réactions, en début de saisons, après des défaites ou des victoires, sont toujours justes et fortes. Toujours tournés vers le prochain objectif. Etant moi-même manager, j'ai bu du p'tit lait.

Botchman - - 52 ans - 11 novembre 2015