La cité de Dieu
de Jens Harder

critiqué par Blue Boy, le 11 septembre 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Un portrait de Jérusalem
Par ce carnet de voyages, Jens Harder nous emmène à la découverte de Jérusalem, juste après la mort du pape Jean-Paul II en 2005. L’auteur d’ Alpha… directions nous offre, de façon impartiale, un catalogue d’instantanés récoltés dans ses quartiers les plus emblématiques où les trois grandes religions tentent de coexister. Préface d’Eliette Abécassis.

Davantage un album de photos dessinées qu’une BD. Jens Harder a tenté modestement de cerner à l’aide de croquis pris sur le vif pourquoi Jérusalem constituait un tel point d’achoppement dans tout le Moyen-Orient. Il se pose ainsi plus en observateur discret qu’en reporter, un peu comme un touriste extra-terrestre muet débarquant sur une planète inconnue. A l’inverse d’un Joe Sacco qui se fait intervieweur, Harder semble vouloir éviter toute proximité avec les uns ou les autres, peut-être pour éviter de se laisser influencer ou de prêter le flanc aux interprétations malveillantes dans cet endroit ultrasensible, lui le natif d’Allemagne, par ailleurs athée revendiqué. Tout au plus percevra-t-on de sa part une légère ironie, par exemple lorsqu’il évoque les sachets de miracle de la Grotte du lait qu’on peut acheter pour cinq shekels, avec une production qui a du mal à tenir le rythme, ou quand il parle de la différence des odeurs durant les rituels de chaque religion : « Les églises sentent l’encens, les synagogues les vieux livres, les mosquées les tapis de prière… mais aussi, les jours de chaleur, les étagères à chaussures de l’entrée. »

Evitant ainsi de donner prise à la polémique, dans cette cité mosaïque où l’on sent que les relations entre communautés - qui semblent davantage se supporter que s’aimer - peuvent vite s’envenimer, le dessinateur berlinois a choisi de faire une sorte de guide touristique illustré, en incluant des rappels historiques évoquant le passé tumultueux de la « cité du Roi David ».

Sans être réellement passionnant, l’ouvrage reste intéressant et permet d’en savoir un peu plus sur cette ville fascinante (quoi qu’on en dise), qui ressemblerait à un asile de fous « si on pouvait mettre un toit dessus », selon les dires du monsieur à lunettes en page 31. Quant au dessin, très fouillé et souligné par une bichromie beige/grise sobre, il révèle bien le talent d’observation de son auteur. Du reste, je trouve l’ensemble un peu aléatoire, avec cette vague sensation de me se sentir un peu perdu au milieu des multiples lieux de cultes. Une localisation géographique des monuments ou un classement en chapitres auraient été bienvenus.