La condition pavillonnaire relate la vie d’une femme depuis son enfance jusqu’à sa mort des années 60 à nos jours. Une vie en apparence parfaite avec un mari aimant, des enfants, une belle petite maison. Pourtant, celle que l’on appelle tout au long du livre M.-A. en référence à Emma Bovary, si elle a tout pour être heureuse, s’ennuie profondément. Le temps passe, tous les jours se ressemblent inlassablement. Son insatisfaction est totale et va la pousser à trouver toutes sortes d’exutoires pour échapper au quotidien parmi lesquels l’adultère ou l’humanitaire. Elle s’interroge sur ce qui pourra combler sa vie. Mais peut-on réellement savoir ce qui nous rendra heureux ? Les idéaux d’une vie toute tracée comme la sienne et que chaque parent ambitionne pour ses enfants ne correspondent pas forcément à ce que chacun de nous souhaite. On peut se retrouver avec une impression d’étouffer entre les quatre murs de son pavillon, comme le décrit si bien l’illustration de la couverture avec le poisson enfermé dans son bocal. Face à l’inéluctable : la routine avec ses tâches répétitives, la vieillesse, difficile à accepter ; la nostalgie du passé ; l’envie d’ailleurs et d’une autre vie, sans jamais rien faire pour la changer. Le style d’écriture original, bourré d’incises disposées çà et là renforce l’impression des années qui défilent à toute allure.
En tant que jeune femme, j’ai trouvé terrifiantes les pensées de cette femme et terriblement négatives. Ce n’est bien entendu que la situation d’une seule femme qui ne reflète aucunement le quotidien de toutes les femmes, et je pense qu’il est normal de s’interroger régulièrement sur son existence … toutefois ce roman sur la condition humaine, et plus particulièrement la condition féminine m’a laissé une impression de malaise et d’interrogations quant à la possibilité d’atteindre le bonheur. « Nous ne nous apercevons que tardivement, à l’occasion d’un événement précis, de ce qui change lentement chaque jour dans nos corps et dans nos sociétés ; et, bouleversés par cette découverte, elle nous paraît une déflagration. » Un roman bouleversant.
Psychééé - - 37 ans - 6 septembre 2014 |