Je n’ai pas lu ce livre, mais je connais l’expérience menée par Stanley Milgram.
Pendant quelques années consécutives, j'ai eu l'occasion de l'analyser avec mes élèves.
Si je ne le fais plus, c'est uniquement parce que je n'ai plus le cours qui s’y prêtait.
Avant de leur parler de l’expérience, je les mettais en situation.
Bref, je faisais moi-même une expérience où l’on retrouvait les grandes caractéristiques de celle de Milgram : une autorité massive et intraitable qui tient à la fonction, des ordres plus stupides les uns que les autres, une déculpabilisation en règle, un chantage subtil et néanmoins odieux, …
Tout ça dans les limites du raisonnable évidemment, le but n'étant pas de traumatiser les jeunes mais de leur faire prendre conscience du phénomène d’obéissance aveugle.
Quand on sait que j'enseigne à une population réputée plus « difficile » (sections techniques et professionnelles), on s’attend à ce que les élèves m'aient envoyée joyeusement sur les roses.
Et bien pas du tout.
J'ai dû renouveler cet exercice avec 200 élèves au cours des années.
Pas un n’a dérogé à mes ordres…
Nous passions ensuite à l’analyse de leur vécu pendant l'exercice.
Puis, je leur expliquais l'expérience de Stanley Milgram en l’illustrant par l'extrait du film « I comme Icare ».
L'objectif de ce long processus était l'émergence d'un questionnement : à partir de quand puis-je, ou dois-je, rompre avec l’autorité ?
Bref, la notion de désobéissance civique.
Si vous avez des enfants adolescents, initiez-les aux théories de Milgram : vous en ferez des adultes responsables, et ce n'est pas juste une belle formule.
Encore hier, j’ai vu un reportage hallucinant à la RTBF dans le cadre des attentas à New York.
Un islamiste y affirmait sans l'ombre d'un doute, ni même l'ébauche d'une réflexion, qu'il tuerait n’importe qui si son chef religieux lui en donnait l'ordre.
A vous donner froid dans le dos.
Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 57 ans - 19 septembre 2001 |