Flamarande
de George Sand

critiqué par Antinea, le 3 août 2014
(anefera@laposte.net - 45 ans)


La note:  étoiles
Engrenages et repentir
Vers le milieu du XIXème siècle, Charles, un homme instruit, entre au service du Comte de Flamarande en tant que valet de chambre. Il doit rembourser la dette de son père et s’enchaîne donc à dessein dans cet emploi subalterne. Il se trouve bientôt tout dévoué à cette nouvelle famille : M de Flamarande, de qui il devient le confident, a épousé une jeune fille de seize ans dont la grande beauté fait ignorer le fait qu’on n’a pas pris le temps de constater si elle avait de l’esprit.

Le jeune couple fait le tour des propriétés des Flamarande, emmenant Charles et d’autres domestiques avec eux. Ils se retrouvent au château éponyme, près de la chaîne des volcans d’Auvergne. Il ne reste de cette demeure, berceau de la famille, qu’un donjon ouvert à tous les vents et des terres gardées par une famille de paysans dévoués. Ils y retrouvent le Marquis de Salcède, ami d’enfance du Comte, un aristocrate passionné de botanique et apparemment dépourvu de terres. La compagnie passe ensuite quelques semaines chez la Baronne de Montesparre et Salcède, cet excentrique solitaire, est curieusement bien disposé pour les accompagner.

Et voilà le tableau qui s’installe : un jeune homme amoureux d’une jeune mariée et le mari jaloux qui n’attend pas de connaître la vérité pour faire payer la douleur qu’engendrent ses soupçons… Charles se retrouve imbriqué dans l’affaire d’une vie sans savoir quand parler pour mettre un terme à cette terrible vengeance se faisant complice, otage et victime d’une machination diabolique.

Flamarande est un roman qui a quelque chose des romans noirs ou gothiques déjà critiqués sur CL comme « Les mystère d’Udolphe » de Radcliffe par exemple. On y retrouve des ingrédients typiques comme les châteaux en ruine, les légendes familiales, le secret, la nature reprenant ses droits, une terrible vengeance… Mais ici, pas de spectre comme dans « Le Château d’Eppstein » de Dumas, pas de bandits de grands chemins non plus comme dans « Pauline » de Dumas, on reste dans le réel et dans le complot fomenté et orchestré presque uniquement dans l’esprit d’un seul homme et par sa main. Je qualifierai donc ce roman de « gothique finissant » sans que cela soit en rien péjoratif. Il n’annonce pas encore les thrillers de Wilkie Collis, Braddon ou Dickens, héritiers, à mon sens, du roman noir anglais, bien ancrés, eux, dans leur époque et se rapproche plus des titres cités ou de « Idylle sicilienne » de Radcliffe où le désir de puissance d’un seul homme met à mal plusieurs destinés.

Un petit roman bien agréable et en prime très bien écrit.