La dernière course
de Pascal Vatinel

critiqué par JulesRomans, le 15 août 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
"On gagne autant en aiguisant qu'en fauchant" (proverbe vosgien)
"La dernière course" remet en lumière la présence dans les Vosges de chiens de traîneau venus d’Alaska ; ceux-ci furent amenés au cours de la Première guerre mondiale pour permettre le ravitaillement des tranchées françaises en hiver. "La dernière course" est roman historique pour des jeunes qui aiment lire, car le nombre de pages est copieux ; il a une action qui se déroule pour une moitié en Alaska, pour un quart durant le voyage qui amène les chiens de l’extrémité nord-ouest du continent américain au sud-ouest de l’Alsace. Entre-temps les personnages (humains et animaux) seront passés en particulier par Vancouver, Québec et Le Havre.

L’héroïne est une jeune canadienne Élisabeth, fille du trappeur québecois Jacques Larivière et l’ouvrage débute en 1900 lorsque la région de Nome en Alaska est saisie par la fièvre de l’or. Élisabeth est arrivée à quelques années en 1903 en Alaska. Pour la première partie du livre, elle partage la vedette avec Darren Lindsay un ami de son père qui élève des chiens de traîneau et participe régulièrement à la célèbre course d’attelage canin "All Alaska Sweepstakes" née en 1908; ce personnage est largement inspiré d’Alexander Allan qui avait déjà intéressé Jack London dans "L’appel de la forêt". Dans le dernier quart du récit, Darren Lindsay est reparti en Amérique et c’est le capitaine Dampierre, Louis Mufflet du 22e bataillon de chasseurs alpins pour la véritable Histoire de la Première Guerre mondiale, qui joue un rôle important.

Élisabeth ne devait pas traverser l’Atlantique et elle le fait comme passagère clandestine. C’est aux environs d’une quinzaine d’années qu’Élisabeth arrive sur le Vieux continent et c’est déguisé en jeune garçon qu’elle apprend aux poilus à mieux connaître les chiens ramenés. L’on voit par là que la dimension aventureuse a su trouver des ressorts, par ailleurs à la fin du livre elle se trouve en danger sur le front vosgien après avoir réagi très affectivement devant l’absence d’un traîneau envoyé en mission.

Quoique personnage très secondaire, la personnalité d’un soldat canadien français, combattant, dans les Flandres est assez développée. Voici donc un livre qui a toute sa place dans l’univers des jeunes lecteurs francophones du nord de l’Amérique et de l’autre côté de l’Atlantique en particulier chez les collégiens et lycéens de Lorraine et d’Alsace. On prolongera la lecture de ce livre par les aventures d'un chien sur les lieux de combat durant la Première Guerre mondiale, avec la série "Bleu" proposée par Patrick Bousquet aux éditions Serpenoise.