La fille de l'Est
de Clara Usón

critiqué par Yotoga, le 3 mai 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
Serbes de Yougoslavie, Ana Mladic se suicide
Ce roman est présenté comme une interprétation du suicide d’Ana Mladic à l’âge de 23 ans. Elle part à Moscou avec une bande d’amis après l’embargo de Belgrade. Ces amis sont yougoslaves ( juif, croate, serbe, slovène, du Monténégro, de Belgrade, de Sarajevo…) unis malgré les différences de point de vue par rapport à la guerre. Ce thème est la trame principale et le fil rouge de l’histoire mais ce n’est pas l’intérêt principal du livre. Les discussions entre les jeunes amis révèlent les discordes entre des personnes à la base pacifistes et non intéressées par les conflits mais emportées par leur appartenance religieuse ou ethnique qui finalement devient importante pendant une guerre.

Au-delà de l’histoire de la jeune fille, l’auteur glisse des chapitres de présentation biographique des hommes principaux de la guerre de Yougoslavie. Elle appelle ces chapitres « Galerie des héros » et retrace en parallèle comment les personnalités se sont développées et sont devenues Milosevic, Karadzic et Mladic, des concepts de guerre. Ces chapitres sont classifiés par nation et clairement séparés.

Et entre ces chapitres se trouvent des rapports chronologiques pour recentrer les évènements entre la chute du communisme en Yougoslavie et les guerres d’indépendances, ainsi que les légendes historiques (le prince Lazare) propres aux serbes. Les alliances datant de la seconde guerre mondiale, les différences raciales prononcées et prouvées par certain serbes et croates, la recrudescence des religions après la chute du communisme, tout est annoncé.

Ce roman est extrêmement structuré, les chapitres représentent des parenthèses claires. Le style n'est pas journalistique comme dans "Robert Mitchum" d'Hatzfeld mais aussi prenant que "le violoncelliste" de Galloway.