Le roi Oscar et autres racontars (BD)
de Jørn Riel, Gwen de Bonneval (Scénario), Hervé Tanquerelle (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 12 avril 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Des contes polaires un peu givrés
Dans une station polaire isolée, Lodvig vient de perdre brutalement son compagnon Jalle, mais ne peut se résoudre à l’enterrer, en partie à cause du sol gelé mais aussi à cause d’une bonne dose de flemme… et d’alcoolisme…
Laurits Evaldius débarque en Arctique en mission civilisatrice. Quand il arrive dans la station où l’accueille son futur compagnon Siverts, il se rend compte avec effroi qu’il n’y a pas de toilettes dignes de ce nom…
Vieux Niels et son compagnon Halvor décident d’élever un cochon baptisé le Roi Oscar. Le problème, c’est que ce dernier va prendre de plus en plus de place, tant par son poids que dans le cœur de Vieux Niels jusqu’à susciter la jalousie de son compagnon…
Recruté comme chasseur, le jeune Anton arrive en Arctique avec ses rêves d’aventure et de gloire. Bien vite il va déchanter en se rendant compte que la vie n’y est pas aussi exaltante qu’il ne se l’imaginait…
Ainsi commencent ces quatre « racontars » du conteur danois Jørn Riel, qui a séjourné chez les trappeurs du Groenland dans les années 50, quatre histoires pleines de burlesque et d’humour noir adaptées en BD.

Vraiment bien sympas ces racontars ! On sent qu’on a affaire à un vrai conteur, et le cadre polaire, où les jours et les nuits durent six mois, y est sans doute pour quelque chose… Le fait que l’auteur ait séjourné au Groenland contribue à insuffler cette touche de vécu. Mais n’oublions pas, comme il est indiqué sur le dos de couverture, qu’un racontar est « une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. A moins que ce ne soit l’inverse. »

Ces petits contes débordent d’humour noir et de burlesque, se conjuguant idéalement avec la folie jamais bien loin, dans une région au climat et à l’environnement atypiques. Une région où l’homme est quasiment absent, laissant ceux qui y vivent noyés dans la solitude et l’immensité blanche et glaciale, pour ne pas parler de l’alcool réconfortant et réchauffant, rarement consommé avec modération... A ce titre, la première histoire, où Lodvig ne peut se résoudre à enterrer son copain qui vient de casser sa pipe, est assez emblématique et ne peut que susciter une hilarité incontrôlée... D’une manière générale, j’ai bien apprécié le trait oscillant entre une ligne claire avenante, et quelque chose de plus fiévreux, plus sombre, pour les scènes où la folie gagnait du terrain.

Cet album, qui correspond peu ou prou à l’idée que l’on se fait de l’humour scandinave, pourra se lire sans problème l’hiver au coin de la cheminée, un petit verre de vin chaud à la main, voire pourquoi pas du tord-boyau à réveiller les morts…