Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences
de Collectif

critiqué par Elya, le 16 mars 2014
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Science et religion
Je suis souvent tombée sur des textes mêlant sciences et religion, comme par exemple l’ouvrage Dieu face à la science de Claude Allègre (1997) ou des magasines tels que Science&vie traitant de « Dieu et la science » (Hors-série n°265, 2013). J’étais intriguée par cette alliance qui me semblait un peu incongrue, et je me disais qu’il faudrait que je lise attentivement ces documents.
Les différents auteurs des articles recueillis dans Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences ont, eux, leur opinion déjà bien établie sur ce type de discours qu’ils considèrent comme des « impostures intellectuelles », selon le sens que donnent Sokal et Bricmont dans Imposture intellectuelles (1997) à cette expression. Après la lecture de ces deux ouvrages, il me semble difficile de ne pas partager l’avis de ces différents scientifiques, qu’ils synthétisent ainsi : « les religions relèvent d’un acte de foi et affirment une révélation, par définition non vérifiable : elles sont par nature totalement différentes de la connaissance scientifique. Le dialogue entre science et foi n’a donc aucun sens ni intérêt sur le plan de la méthodologie scientifique. »
Ce qu’ils dénoncent, ce sont les mélanges d’affirmations scientifiques et de croyances religieuses soutenus publiquement par des scientifiques, ces derniers laissant parfois sous-entendre qu’il existe des travaux scientifiques démontrant leurs options spirituelles. Je pensais qu’en France nous étions plutôt à l’abri de ce type de dérives, contrairement à un pays comme les Etats-Unis où le créationnisme a pu être enseigné dans certaines écoles. Les auteurs nous montrent que ce n’est pas vraiment le cas, en insistant particulièrement sur les interventions de l’Université Interdisciplinaire de Paris.
Pour expliquer en quoi il est préjudiciable que des opinions spirituelles interfèrent avec le domaine scientifique, qui se doit de rester laïque, les auteurs reposent les bases de l’épistémologie, de manière plus ou moins accessible selon les textes. Ils décortiquent aussi certains intrusions spiritualistes dans des domaines très propices à ce type de dérives : l’astrophysique, la physique quantique ou encore la biologie. Ils reviennent sur des faits ayant eu lieu depuis les années 80, comme l’imposture de Guy Berthault, qui a réussi à faire publier des travaux d’allure scientifique dans des revues avec comité de lecture puis diffuser ensuite vers le grand public ses thèses créationnistes. Selon lui, toutes les couches sédimentaires de la terre se sont déposées en une seule fois, ce qui ne peut être dû qu’à un évènement unique, le Déluge.

Cet ouvrage me semble vraiment pertinent pour qui souhaite faire le point sur les notions de sciences et religion, quelles que soientt ses opinions religieuses. Que le lecteur soit croyant, athée ou agnostique, il ne devrait pas être blessé par les propos des auteurs, qui ne s’offusquent pas des croyances en tant que telles mais de leurs intrusions dans le domaine public et scientifique.