Exil et chatiment : Coulisses d'une extradition de Paolo Persichetti

Exil et chatiment : Coulisses d'une extradition de Paolo Persichetti

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Cyclo, le 2 mars 2014 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
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Un irréductible des années de plomb

Paolo Persichetti fait partie de ces "terroristes" (ou présumés tels) condamnés en Italie, et, ayant trouvé un refuge en France, qui y ont trouvé un accueil. Encore jeune, il s'est remis aux études, a passé un doctorat, et enseigné dans une université parisienne. Sans rien renier de son passé, il croyait en être quitte, grâce à la jurisprudence Mitterrand. Mais, comme Cesare Battisti et quelques autres, les années 2000 lui ont été fatales. Le ministre de l'intérieur Sarkozy a trouvé la faille pour ne pas honorer les promesses mitterandiennes. Pourtant, Persichetti a complètement renoncé à toute action violente, même s'il estime qu'on "on ne pourra s'empêcher de considérer comme suspecte une condamnation de la violence concernant uniquement celle d'en bas, exercée par des sujets socialement et politiquement faibles, en l'absence d'une condamnation analogue, voire plus vive étant donné les proportions, de la violence d'en haut, exercée avec l'appui de l'appareil étatique."
Dans cet ouvrage, il raconte comment il a été victime d'un déni de justice, ayant été extradé pour une action à laquelle il n' a pas pu participer. Mais l'Italie avait besoin d'exemples. Et Sarkozy de s'imposer comme homme à poigne...
Mais il fait aussi un historique des années de plomb italiennes, et en reconnaît les erreurs.
Quelques extraits de ce très beau livre, très austère, où Persichetti parle de lui à la troisième personne pour donner du recul à son plaidoyer :
"La décennie 1990 avait désormais poussé la politique vers une voie de garage, vers la compétition entre nullités. En cette époque qui fait de la conquête du centre le seul credo stratégique, la grisaille et la sottise deviennent valeur ajoutée." [mon commentaire : valable autant en France qu'en Italie !]
"l'expression de la force est avant tout une des propriétés essentielles du monopole étatique, qui l'utilise beaucoup plus fréquemment que ceux qui ont violé ou violent ce monopole. Le recours aux guerres ou, comme on dit désormais, aux opérations internationales de police, et à l'usage de la coercition, est statistiquement plus répandu que la violence provenant d'en bas." [mon commentaire : voir la manière dont les médias télévisuels ont traité de la manif de Nantes du 22 février]
"la violence symbolique : « cette violence douce, invisible, méconnue comme telle, choisie autant que subie ». Une violence masquée qui cache derrière une fausse naturalité des hiérarchies, des valeurs et des savoirs, une somme d'inégalités économiques, culturelles, sociales, qui sont au contraire construites historiquement et expriment un rapport de domination généralement intériorisé par les dominés." [mon commentaire : les prolétaires comprennent tout de suite ça !]
"quand la flexibilité et la précarisation ont introduit l'individualisation des rapports contractuels, le négocié disparaît dans l'asymétrie abyssale du rapport de force entre travailleur et entreprise." [mon commentaire : la politique de Hollande dans le collimateur !]
"La notion de « terrorisme » fait l'objet d'une nouvelle définition extensive, conceptuellement homogène et reconnue internationalement. Il s'agit d'y inclure des comportements et des modes d'action politique traditionnellement enracinés dans la culture et dans les activités des mouvements sociaux et syndicaux, afin de criminaliser toutes les formes de non alignement sur les positions de l'autorité." [mon commentaire : depuis le 11 septembre on est en plein là-dedans ; surtout ne pas protester, sinon on est un "terroriste" en puissance !]
"piège du scrutin majoritaire : le dilemme artificiel entre une droite xénophobe et populiste, qui attire comme un aimant tous les revanchards et les nostalgiques des poubelles de l'histoire, et une droite encore plus sournoise et équivoque qui, sous les atours de la respectabilité, recopie le même projet d'une société intolérante, répressive, disciplinaire." [mon commentaire : on va voir ce que ça donne aux prochaines élections]
Bref, un livre qui fait penser...

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