Le train des orphelins, Tome 4 : Joey
de Philippe Charlot (Scénario), Xavier Fourquemin (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 22 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Le train de déplaisir
Voici le deuxième tome du cycle II, on comptera vraisemblablement six albums pour cette série. Nous avons vu l’aînée de ces garçons retrouver sa sœur cadette dans des circonstances qui lui interdisaient de lui dire, nous étions à la fin du tome 2.

Ce tome 4 permet à Jim de revoir, soixante-dix après, son jeune frère et une jeune fille du même convoi d’orphelins en direction de l’Ouest, ces deux derniers ont passé leur vie l’un à côté de l’autre. L’action continue de sauter des Années folles (à la fois à New York et au-delà du Mississippi) au tout début des Années 1990.

Rappelons que cette histoire a pour socle la tentative d’une fratrie de trois enfants orphelins de mère qui s’étaient vus confiés par leur père à un organisme qui faisait adopter des enfants orphelins ou de familles précaires des agglomérations industrielles de l’est des États-Unis par des futurs parents des états américains de la moitié ouest. Des trains ont convoyé ainsi pendant des dizaines d’années des jeunes et contrairement aux objectifs affichés les fratries ont été parfois séparées, les liens avec les familles biologiques coupés et les identités d’origine cachées. On estime à 250 000 le nombre d’enfants déplacés de New-York entre 1854 et 1929, dates extrêmes des actions de ce type.

Comme à Shanghai dans l’Entre-deux-guerres (voire la BD chinoise "San Mao" que nous avons chroniqué), le nombre d’enfants plus ou moins dans les rues (selon qu’ils soient ou non exploités par des adultes) à New York atteignait l’ordre de 20 000 dans la seconde partie du XIXe siècle.

Ce phénomène américain est sans commune avec le déplacement d’enfants réunionnais en particulier dans la Creuse durant les Trente Glorieuses, un sujet qui est revenu dans l’actualité début 2014 du fait de la prise de mesures législatives. La proposition de résolution préparée par Ericka Bareigts, députée réunionnaise, s'articule autour de trois points :
1. Demande à ce que la connaissance historique de cette affaire soit approfondie et diffusée.
2. Considère que l'État a manqué à sa responsabilité morale envers ces pupilles.
3. Demande à ce que tout soit mis en œuvre pour permettre aux ex-pupilles de reconstituer leur histoire personnelle.

Le graphisme de la série "Le train des orphelins" est très attrayant, sont très bien rendus en particulier les sentiments des enfants, les décors rendant très bien cette époque de transition où l’Ouest américain perd son mode de vie traditionnel et connaît ses dernières figures atypiques (ici un pasteur prêchant à coup de colt).