Anagrammes
de Lorrie Moore

critiqué par Rotko, le 1 août 2003
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Entre sourires et soupirs.
Essentiellement deux récits mettent en scène les mêmes personnages, comme deux faces d'une même vérité. Pourtant les protagonistes n'y ont pas le même statut social. En fait, qu'est ce que le statut social face aux attentes intérieures ? Gérard habite l'appartement voisin de Benna. Proximité voulue. Ils sont amants, mais chacun mène sa vie : ils veulent être autonomes. Les deux salles de bains sont contigües, ce qui permet d'échanger des signaux, voire de brefs messages oraux. Chacun a aussi ses projets, liés à l'insatisfaction du présent. Aimeraient-ils vieillir ensemble ? ils n'y pensent jamais en même temps :-). L'humour est la passerelle entre deux solitudes. Pb : Fait-on des unions fondées sur l'humour, quand l'amour n'est pas une valeur stable au CAC 40 de l'existence ?
Finalement c'est Benna qui retient surtout notre attention. Elle nous parle de sa fille, se moque de son amie qui lui ressemble - mais en moins bien, jusqu'à ce qu'elle avertisse le lecteur...bref, elle en rajoute un peu dans la galerie des personnages. Elle-même, travaille-t-elle dans une boite de nuit, ou à la fac ? Ses travaux dirigés sur la création poétique sont "cools", se disent entre eux les étudiants. La relation des séances ne manque pas de sel. Pas sûr qu'elle conserve sa vacation.

Au final, un roman agréable à lire, moins pour la "dissection des comportements américains", comme le voudrait l'éditeur, mais pour les liens entre les personnages, et une émotion pudique, à fleur de mots.