Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch
de Henry Miller

critiqué par Pendragon, le 26 juillet 2003
(Liernu - 53 ans)


La note:  étoiles
Mais d'où vient ce titre ?
Ce roman de Miller est une fois de plus autobiographique. Nous sommes en 1955-56 et Miller est à Big Sur, sur la côte Ouest des Etats-Unis, chez un ami à lui. Il y décrit sa vie, ses pensées, ses réflexions. Il nous parle de lui, de ses enfants, de ses amis, des gens qui viennent lui dire bonjour, de ceux qui lui soumettent des textes à lire, de ceux qui veulent acheter ses écrits ou ses aquarelles, de ceux qui l’aident et de ceux qui lui prennent la tête.
Miller, c'est cet assemblage hétéroclite de philosophies et de coups de gueule ; et c'est avec ce plaisir un peu paternaliste que nous le retrouvons au fil du récit. Parfois il fait rire, parfois il fait réfléchir, mais c'est toujours avec intérêt que sa parole nous parvient.
Comme d'habitude également, le texte est totalement décousu et il ne faut pas espérer un roman suivi avec une introduction, un corps et une fin, non, chez Miller, rien de tout cela… juste des phrases. mais quelles phrases !
J’en donne une ou deux au passage et puis je vous laisse à vos réflexions…
« Les enfants sains et normaux créent naturellement du désordre autour d'eux. Ils ne sont pas faits pour la vie que nous leur offrons, nous qui avons déjà rendu l'âme et qui nous conformons à nos absurdes règles de conduite. Les enfants bien élevés sont peut-être d’un commerce agréable, mais font rarement des hommes et des femmes remarquables. »
« Pour faire un bon portrait, cela va sans dire, il faut être capable de lire dans l’âme du sujet. Pour faire un bon auto-portrait, il faut regarder dans les cendres. L’homme bâtit sur les ruines de ses « moi » antérieurs. Lorsque nous sommes réduits à néant, nous ressuscitons. Accorder son destin à la poussière de sa folie, voilà le secret. C'est dans les cendres que l’on trouve les ingrédients nécessaires pour se peindre soi-même. »
Et puis surtout :
« De quel royaume de lumière fûmes-nous les ombres, nous qui obscurcissons la semence de la terre ? »