Autopsie des ombres
de Xavier Boissel

critiqué par Isad, le 2 février 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
Déchiré par les souvenirs de guerre
La guerre et les doutes qu’elle occasionne, le retour difficile à la normale après la démobilisation du fait des souvenirs incessants, la soif d’oubli, tous ces éléments sont montrés dans ce petit livre d’à peine 150 pages d’écriture. Les chapitres sont parfois entrecoupés de citations, et la forme variée. Ainsi, la police de caractère varie avec les réflexions du narrateur sur le personnage principal en italique (si nous voulons cerner de manière provisoire les contours de ce que fut la vie de Pierre Narval au moment de son retour, ce qu’il en fut des plis et repris de sa trajectoire sociale – inévitablement les mots faillent, se heurtent à sa destinée opaque, grevée de cette servitude militaire à laquelle il consenti » et le récit en il (« il ouvre les yeux ; d’abord la neige : sur l’écran de télévision ») ou en tu (« chaque matin – et c’est comme un rituel pressuré d’attentes intranquilles – tu cours dans la ville, le long des artères désertes et enneigées »).

Le livre s’ouvre et se termine sur l’histoire de 2 corps qui s’écroulent sur un pont en se rejoignant, fauchés par des tirs mortels qui font se rejoindre des amants de camps opposés, ce qui fait penser à la guerre de Bosnie. Entre les deux, quelques scènes de sécurisation de périmètre tampon pour séparer les belligérants et surtout le retour difficile à la vie civile face à l’incompréhension des autres qui amène à une errance solitaire, temps de suspension nécessaire pour retrouver un sens à son existence.

IF-0114-4149