Opus incertum
de Serge Grandmont

critiqué par Libris québécis, le 9 juillet 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
.clectisme agaçant
Les .ditions Les Glanures de Shawinigan publient souvent des auteurs qui en sont à leur première oeuvre. On a eu droit au gros lot avec Perro (Bryan Perreault), mais hélas, ce n'est pas toujours le cas. Avec Opus incertum, on n'a pas enrichi la littérature québécoise. On peut ranger cette oeuvre dans les rayons de l'insignifiance et espérer que la prochaine publication de l'auteur soit plus probante de son talent. Depuis 1998, on l'attend toujours.
Opus incertum est composé de 22 nouvelles aux sujets variés. Elles ne sont pas réunies en fonction d'un fil conducteur. Elles manisfestent plutôt l'éclectisme de l'auteur. On sent que Serge Grandmont pourrait écrire une oeuvre plus forte, mais il s'est laissé aller à la facilité. Il a glané ici et là quelques idées et, par un heureux hasard de circonstances, il a réussi à faire publier ses feuillets, qui rappellent ceux des élèves doués. Je peux même imaginer que ses textes ont été écrits alors qu'il était étudiant.
L'auteur jongle avec tous les genres. Parfois, il navigue dans les eaux tumultueuses du fantastique, plus loin, il saute les cascades de l'humour, et, quand il rend hommage à sa femme (ce qui doit marquer le début de sa vie adulte), il navigue dans les eaux tranquilles de sa prochaine paternité alors que sa Volvo, comme une grande fille, se rend seule au parc destiné aux voitures qui ont rendu l'âme. On dirait du Stefen King dans Christine. D'ailleurs, certaines nouvelles sont des réminiscences des lectures préférées des jeunes.

L'auteur a un don qui sommeille en lui, c'est évident. En plus, sa plume est incisive. Tout le passionne, mais pour bien écrire, il faut donner la chance à ses idées de décanter. Avec «Les Créatures mythologiques» et «La Volvo», l'auteur a atteint une certaine perfection. La nouvelle de l'homme du désert est aussi très réussie. Quand Dieu lui apparaît pour le féliciter de sa sainteté, le héros en profite pour lui administrer une raclée pour le monde injuste qu'il a créé. Mais c'est bien peu dans un ensemble de 22 nouvelles. C'est dommage parce que l'auteur sait concocter des amorces qui captivent à coup sûr le lecteur. Hélas, le reste n'est pas «vargeux» (fameux).

Bref, ça manque de maturité. Et même l'humour est très estudiantin. Les chums (amis) peuvent trouver ça drôle, mais, comme le chante Michel Rivard dans Un Phoque en Alaska, «faire tourner des ballons sur son nez ne fait plus rire personne».