Autopsie d'un cri
de Normande Elie

critiqué par Libris québécis, le 3 juillet 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Misérable Condition humaine
Autopsie d'un cri est un recueil de 18 nouvelles traçant le parcours d'un quotidien que l'on connaît bien. On rencontre une quinquagénaire qui découvre enfin l'orgasme avec un amant, des gens qui fréquentent les bars, des enfants malades, une amoureuse déçue, une vieille abandonnée, un patron qui baise sa secrétaire, un homme laid, une obèse... Bref un portrait d'une société en mal de bonheur.
Comme le titre l'indique, l'auteure fait l'autopsie des cris de la vie. D'où viennent-ils? C'est déja précisé en bonne partie dans l'introduction. Ces nouvelles n'apporteront pas la sérénité aux désespérés de l'humanité. Au contraire, elles fournissent l'eau aux moulins de ceux qui examinent notre planète à travers le filtre du malheur. Comme L'Homme révolté de Camus, il ne leur reste qu'à crier justice devant le mal qui semble triompher sur tous les continents.
Normande .lie joint sa voix à ceux qui le dénonce. Le mal est bien incarné dans son oeuvre. Ce sont les enfants qui délaissent leurs vieux parents, c'est le macho qui méprise la femme, c'est la maladie qui emporte de jeunes enfants, ce sont les parents qui font payer le prix de leur divorce aux enfants, c'est la méchanceté consciente ou inconsciente des uns qui précipitent les autres dans la mort.
Ces nouvelles sont habilement écrites. Les thèses de départ enclenchent les bonnes antithèses, mais malheureusement l'auteure a négligé ses synthèses. Au lieu d'amener une chute originale et plausible même si elle est inattendue, l'auteure termine la plupart de ses histoires en projetant les héros dans la mort. L'un se fait renverser par une voiture en traversant la rue, l'autre est victime d'un meurtre gratuit. Le choix de cette fin abrupte et facile fait perdre un certain intérêt pour cette oeuvre valable, même si le traitement du sujet n'est pas innovateur.