Le génie de la boîte de raviolis
de Germano Zullo, Albertine (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 6 janvier 2014
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Les raviolis lui donnent le torticolis
Voilà un récit qui fait des clins d’œil à "Aladin et la lanterne magique". Le fait que la boîte de raviolis ait remplacé la lanterne et par ailleurs que contrairement aux contes traditionnels il y ait deux vœux à formuler au lieu de trois donnent lieu à des running-gags. Aladin est devenu Armand, deux prénoms qui partagent le même nombre de lettres et commencent par la même majuscule.

Le récit porte en lui l’idée d’opposer le stress inhérent à la vie urbaine au bonheur de vivre à la campagne. Les vœux formulés par le héros, employé dans une usine de produits alimentaires, touchent à un univers naturel et un plantureux repas et sont donc proches des intérêts des enfants. La fin en montrant le héros réalisant (sans aucune magie) le vœu souhaité par le génie, induit qu’une vie calme dans un milieu naturel est à la portée de tous ceux qui en ont la volonté. Armand est passé par la rencontre d’un génie, pour se dégager de la banalité quotidienne de sa vie mais ce retour à la nature doit plus à sa volonté qu’aux pouvoirs magiques du génie.

Il s’agit en 2014 d’une réédition de l’album de 2002, entre temps "Le génie de la boîte de raviolis" a donné lieu à la création d’un dessin animé éponyme primé au Festival international du film d’animation d’Annecy. Le graphisme de Germano Zuldo a une touche très personnelle tant pour les décors que les personnages, elle sait traduire sans jouer sur les couleurs diverses atmosphères.

"Le génie de la boîte de raviolis" est une bande dessinée avec des textes réduits sur l’ensemble de ses bulles. La monotonie, l’isolement et l’ennui de la vie urbaine sont marqués par l’absence de dialogue, le contenu des bulles est fait uniquement d’onomatopées et de comptage de boîtes produites.

On prolongera la lecture de cet album par deux autres qui posent la question du fonctionnement de l’industrie agro-alimentaire à savoir "Charivari à Cot cot city" (chez Albin Michel) et "Un mur sur une poule" de Thierry Dedieu (déjà critiqué par nous).