Le Fanfaron
de Joseph Jean Roland Dubé

critiqué par Libris québécis, le 23 juin 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Aérospatiale américaine en péril
Le Gouvernement américain voit toutes ses installations aérospatiales menacées par un névrosé, qui risque de les faire exploser si l'on continue d'envoyer des hommes dans l'espace. D'ailleurs, cet Allemand de Munich a commencé à le faire en prévenant chaque fois les autorités concernées avant de passer à l'action. On a réussi à le capturer, mais même emprisonné sous haute surveillance, il a su se tirer des mains de ses geôliers.
Devant cet échec pour le coïncer définitivement, on recourt à un détective privé très féru en technologie. Il s'agit du Fanfaron, un bon Québécois des œles-de-la-Madeleine et de son valet Polaroïd Tremblay. Il est d'ailleurs temps puisque l'Artiste, surnom que se donne ce criminel, a annoncé qu'il détruirait en entier le système internet afin de rendre impossibles les communications entre les humains. Il souhaite que les hommes aient les pieds rivés à leur coin de terre, en s'en prenant d'abord à l'Amérique, qui incarne le progrès au plan technologique.
Cette situation menaçante déclenche évidemment une alerte rouge, qui amène le Fanfaron et son comparse à Washington, où par hasard il rencontre un artiste coréen avec lequel il concocte un plan pour éliminer l'Artiste, un criminel d'autant plus redouté que l'on vient de faire sauter les tours du Trade World Center avant même que l'incident se produise. Prémonition de l'auteur, qui a fait chasser aussi Saddam Hussein de son pays en un temps record. On imagine donc la création d'une oeuvre de ce Coréen sur la lune. Ce sera un genre de pyramide formée de téléviseurs qui reproduiraient toutes les émissions du monde, pour attirer ainsi cet être dangereux sur cette petite planète, où il serait plus facile de l'éliminer. Pour sa mission, il est accompagné d'une fillette et de son canard, à qui on a confectionné une combinaison idoine.
Ce thriller tout à fait farfelu fera certes sourire les Québécois. L'humour étant l'élément le moins exportable du fait qu'il est tissé avec les fibres les plus intimes d'un peuple. On croirait lire un Jules Verne revu et simplifié, doublé d'un San Antonio. Les mailles de la trame ne sont pas très serrées. Elles sont «lousses» comme on dit par «ch'nous». Malgré tout, on se met à la remorque de l'auteur, qui nous entraîne dans les coulisses de la science -fiction inspirée de l'aérospatiale. On s'y amuse beaucoup d'autant plus que les personnages sont des caricatures tordantes comme Polaroïd, l'homme à tout faire du Fanfaron, qui doit lutter constamment contre des érections intempestives, et Seiko, la fillette aux lulus, qui ne peut se séparer de son canard.
Cette histoire est racontée avec une joie évidente. Le ton amusant du roman nous pousse à parcourir cette oeuvre mineure, bien écrite, qui se lit en un rien de temps, et que nous jetons à la poubelle pour que nos amis intellectuels, qui lorgnent souvent vers notre bibliothèque, ne sachent pas que nous nous sommes abaissés à lire un tel roman pour nous détendre en empruntant le métro. Si la voisine de banquette demande le pourquoi de notre sourire, nous lui répondons que c'est à cause de Polaroïd. Bref, ça nous délasse sans pour autant que ce soit bêtifiant.