La guerre au temps de l'amour
de Jeton Neziraj

critiqué par Pucksimberg, le 11 décembre 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Quatre femmes transforment un hôpital psychiatrique en institut de beauté
Dans un hôpital psychiatrique, une vieille femme, Margarita, Xheni et Emili partagent une projection mentale commune : Cet asile n'est plus un hôpital mais un institut de beauté ! Elles y reçoivent donc des femmes pour des soins, parlent amour et sexe tout ceci dans la bonne humeur et les larmes. Cette pièce se compose de 28 scènes aux titres explicites : "L'épilation des poils du cul", "La Vieille dame et le colonel font l'amour" ... C'est tout un microcosme qui fait sourire le lecteur et qui permet de découvrir des êtres singuliers comme cette femme aux cheveux extrêmement longs, cet homme-serpent condamné à rester dans sa chambre car il vit le jour dans sa peau de serpent et s'en libère la nuit pour aimer totalement Margarita, ce colonel au passé trouble ...

Jeton Neziraj est kosovar et sa pièce se déroule au Kosovo. La guerre n'est jamais loin, le vocabulaire du combat se cache dans certaines allusions et cet institut de beauté cache la misère du pays. Le vernis que déposent ses femmes sur les ongles des clientes semble être un pansement qui protège sans soigner les plaies du pays. L'hôpital psychiatrique semble représenter la Yougoslavie, ou ces nombreux jeunes états, auxquels on ne peut échapper, ou juste oublier le temps de raconter des histoires ...

Le dramaturge a un franc-parler et amuse son lecteur. La scène d'épilation est vraiment comique ; c'est surtout les propos des esthéticiennes qui surprennent par leur franchise. Certains mots font rire, comme les insultes, certaines situations rappellent des scènes classiques du théâtre, voire même des scènes cinématographiques, comme ce laveur de carreaux qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment.

Une pièce de théâtre originale et réussie !
la guerre au temps de l'amour 10 étoiles

Pièce réjouissante que le talent et la perspicacité de la traductrice nous ont permis de découvrir. Grâce éternelle lui soit rendue.
Pierre Mazille

GIGIboy - - 72 ans - 5 octobre 2016