Amalia respire profondément
de Alina Nelega

critiqué par Pucksimberg, le 6 décembre 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Les vives confidences d'une roumaine.
Cette pièce de théâtre est un monodrame contemporain, ce qui veut dire qu'il n'y a qu'un seul personnage qui s'exprime. Ici, il s'agit d'Amalia, une roumaine loquace et spontanée. On la découvre enfant et on la quitte lorsqu'elle décède. Cette pièce se découpe en plusieurs séquences passionnantes dans lesquelles l'on découvre en toile de fond l'histoire de la Roumanie et de l'Europe de l'est, ainsi que le quotidien de cette femme qui nous parle bien volontiers de sa famille.

Il est question du communisme des années 50, de la dictature, de cette démocratie qui bégaie et qui fait davantage souffrir le peuple car elle ne s'affirme pas complètement. Ce qui est assez troublant,c'est le ton qu'utilise le personnage principal lorsqu'elle parle des pires horreurs. Elle évoque certaines scènes avec distanciation, froideur ou même humour. On ne peut que sourire parfois face à l'absurdité des scènes dépeintes. On y parle de violence, de viol, d'homosexualité, de famille ... Tout ceci en accord avec la respiration de l'être humain. Dans un pays où nul n'est libre et où l'homme se sent bridé dans ses désirs, il faut survivre, parvenir à respirer dans ce cadre nauséabond et étouffant. Toutes ces séquences sont donc associées à la respiration qui fait de l'homme un être vivant ou un bien un homme mort comme c'est le cas à la fin de cette pièce.

Certaines images sont dures et sévères quant aux hommes qui ont gouverné la Roumanie. Cette dernière est assimilée à une truie qui a été dévorée par ces hommes. Oui, Alina Nelega peut dire des horreurs parce que le vécu des Roumains a été difficile, mais Amalia est pleine d'énergie, elle nous captive par ses confidences adressées à des interlocuteurs variés. On a le sentiment d'assister à des dialogues et d'entrer dans la confidence. Cette pièce de théâtre est vive, touche à l'essence même de la vie et de l'homme.

L'auteure alterne prose et poèmes en vers. Celui qui évoque l'être humain en train de manger son cœur est saisissant.

Une pièce de théâtre passionnante !